" On me demande souvent comment bien utiliser la locution quand même. C’est une bonne question, car quand même appartient à cette langue parlée, souple, que les grammaires ont parfois du mal à saisir. Notons que deux locutions sont en concurrence, toutes deux construites à l’aide de même, et à valeur concessive.
- On rencontre d’abord tout de même, la plus soutenue des deux, et dont le sens propre est « de même »: penser tout de même (qu’un autre). C’est l’emploi que recommande l’Académie française, qui note néanmoins qu’il vieillit. L’Académie, en revanche, condamne l’emploi concessif, au sens de « malgré cela ». Il me semble, tout de même, bien attesté ; pensons au fameux vers de Victor Hugo : « Donne-lui tout de même à boire, dit mon père. » Tout de même souligne bien le rejet d’une objection : mille euros, c’est tout de même bon à prendre. Dans le dialogue il énonce une protestation : tout de même, tout de même…
- Quand même relève nettement de la langue familière, et ne possède que le sens concessif. Il est synonyme de malgré tout : elle viendra quand même. Appartenant au registre de l’émotion, cette locution permet de souligner le caractère inacceptable d’une hypothèse : on en trouve un bon exemple chez Marcel Pagnol : « Et de qui veux-tu qu’il soit, cet enfant ? Elle n’a quand même pas couché avec tout Marseille ! » Ou bien, dans une exclamation, elle réfute à l’avance une objection que l’on pourrait se faire : une nuit de réflexion, c’est quand même peu ! Notre locution en vient à signifier l’étonnement, voire l’admiration : c’est un sacré menteur, quand même ! "
(Extrait de Petites chroniques du français comme on l’aime - Bernard Cerquiglini)
Continuons : quand même (ou quand bien même) suivi d’un verbe au conditionnel exprime une condition avec une nuance (= même si) ; la proposition principale reste avérée malgré la subordonnée introduite par quand même. Un exemple : quand même je le saurais, je ne le dirais pas.
Vous construirez des phrases dans lesquelles vous placerez ces « quand même », qu’il s’agisse de la locution présentée par Bernard Cerquiglini ou de l’autre introduisant un conditionnel.
Exemples :
Quand même il aurait voulu rester chez lui, il se savait obligé de partir.
Tu ne vas quand même pas me forcer à manger de ce plat !
C'est à vous main tenant. Postez vos « quand même » dans les commentaires ci-dessous. Merci.
Le dessin ci-dessus, trouvé sur le site de RFI, vient du 36e album d'Astérix, Le papyrus de César - Scénario Jean-Yves Ferri, Dessin Didier Conrad - Éditions Albert René