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François, pape de proximité

Publié le 30 octobre 2015 par Rolandlabregere

Ce n’est pas systématique. Mais l’usage s’installe doucement dans les médias et les réseaux sociaux. Pour désigner le pape, il est désormais communément admis que l’on parle de " François". Le Monde n’est pas en reste. Sur une double page consacrée au synode de la famille (édition du 23/10/2015), l’article Mystère et controverses sur la santé de François (p. 3) affiche en titre la nouvelle tendance. L’article en trois colonnes Le pape face aux divergences du synode sur la famille  (p.2) use du procédé dès le chapô, avant de le reprendre, en alternance avec "le pape", dans le corps du texte. Des exemples similaires sont observables dans d’autres médias.

Le goût pour la communication du Vatican est bien connu. L’entourage du pape recèle, lit-on ça et là, des spécialistes de la communication de crise et de la communication dans les organisations. Certes, en succédant à Benoît XVI, le pape actuel, a choisi un prénom sans se situer dans une continuité et a tout de suite laissé entendre qu’il pouvait être nommé "François". Il n’affiche pas de dossard. Son aspect plus débonnaire et plus chargé de bienveillance que celui de son prédécesseur l’a tout de suite intronisé dans un rapport de proximité avec les médias et les journalistes accrédités au Vatican. Il est " François". Voilà une façon de casser les codes du protocole et de montrer l’intention de changement. Les médias emboîtent le pas à cette opération qui vise à rapprocher l’institution des populations.

Imaginons que le patron de Google ou l’ancien dirigeant de Microsoft décide de jouer dans la même cour. Les médias nous abreuveraient de « Bill a dit … », « Bill déclare… ». Les critiques ne manqueraient pas de faire de ces icônes de l'économie numérique des personnages planétaires. La simplicité serait dénoncée comme un artifice destinée à cacher une démarche totalitaire d'un genre nouveau. Si François Hollande était réélu en 2017, sa garde rapprochée imposerait-elle l’usage immodéré de "François" pour le désigner ? On comprend que dans le contexte européen, les zélés communicants du Vatican n’aient pas retenu l’option "François 1er " qui aurait eu un air de déjà-vu. La marque vaticane semble avoir imposé ses canons. Après différents modèles papaux, voilà le pape-copain, le pape sympa comme un voisin qu’on peut appeler par le prénom ou un collègue de bureau qui n’oublierait pas de dire bonjour chaque matin. Il pourrait nous être présenté comme un pape normal. A Rome, le pape a changé mais sur le fond l’Eglise reste sur ses positions. Ce pape qui se fait un nom avec un prénom orchestre une belle affaire de com. En tant que numéro zéro, il apparait, malgré tout, comme un sacré numéro.


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