Je m'appelle Faucon mais du sang de Dutombois coule dans mes veines. Pas beaucoup, seulement 25 %, mais suffisamment pour que je me sente membre de la tribu. Une tribu qui trouve ses racines ŕ Aire-sur-la-Lys, dans le Pas-de-Calais. Une tribu peu nombreuse, mais qui mérite de ce fait d'ętre sortie des oubliettes de l'histoire.
L'histoire du jour, c'est celle d'Eugčne Dutombois, fils d'Eugčne. Comme ŕ peu prčs ŕ la męme époque, il y eut un Frédéric, fils de Frédéric. Le pčre donnait alors souvent son prénom ŕ son fils. Il partit faire son devoir, comme les autres, et fut affecté au 208čme régiment d'infanterie. Sa vie s'arręta ŕ Chaulnes, dans la Somme, le 10 octobre 1916, dans une attaque de tranchée. Sa mort lui valut la croix de guerre avec étoile de bronze. Mais quelle importance, une fois que l'on est mort !
D'aprčs ma premičre estimation, il n'est pas dans la branche la plus directe de la famille, ou du moins cela remonte ŕ loin. Mais par son nom, il fait partie de la tribu et en tant que tel, il méritait d'ętre rappelé ŕ la mémoire des vivants d'aujourd'hui.
Quand j'étais gamin, je me souvenais de présences obligatoires aux défilés du 11 novembre, de minutes de silence devant le monument aux morts, de "vieux" qui se remettaient des médailles, souvent sous la pluie, et toujours sous la grisaille. Comme la grisaille des films documentaires qui tentaient de nous rappeler cette époque.
Il faut peut-ętre le recul de l'âge, le fait de baigner dans les commémorations du centenaire, pour mieux apprécier et comprendre ce qui touche tout de męme, męme indirectement, ŕ notre histoire personnelle.
Et le ressentir davantage.