J'ai fait sa connaissance sur le web et pourtant nous sommes du même quartier: Paris 11éme.
Il s'est engagé tout au long de sa vie à défendre la vérité.
Avec un simple appareil photo, il a su immortaliser nos anciens et notre jeunesse: quel témoignage pour les générations futures!!
Avec de simples mots, il fait résonner dans nos âmes l'echo d'une pensée optimiste et engagée.
Quel personnage!
Je me permets de citer,ces quelques mots du photographe de nos mémoires:
J'AI MAL AU MONDE
J'ai mal au monde qui meurt j'ai soif et bois mes pleurs humiliés d'égorgés disparates j'ai mal aux tripes de ma planète j'ai l'oubli de mon chapelet d'enfant j'ai la mémoire de celui des bombes à vomir mon humanité ravagée je hoquète d'espérance vaine au fracas des armes mains raidies de ruines luisantes de larmes gluantes de sang fleurs fendues d'acier sur mes volcans éteints bourgeonnant de râles j'ai mal à mon baiser j'ai mal à mes frères africains sud-américains à ceux de mon espèce aux humbles violés à ceux d'Irak de Malaisie de Papouasie à ceux de Singapour du Nicaragua de Grenade de Panama de Cuba d'Haïti de St-Domingue de Guadeloupe et de Martinique j'ai mal au métèque que je suis j'ai mal aux battus volés séquestrés écrasés pulvérisés brûlés j'ai mal au monde qui s'abîme brûle se consume j'ai mal au tocsin des injustices milliardaires à la faune au pélican-pétrole j'ai mal à ma gorge nouée de vipères yankees j'ai mal à ma tendresse au bonheur à la neige qui tombe sur les tombes et sur Paris en ce six février 1991 j'ai mal à la poésie sacrifiée de l'espèce humaine...
J'ai mal aux étoiles au labeur à la culture j'ai mal à la littérature désuette j'ai mal aux regards d'amour j'ai mal à mes habitudes de vivre j'ai mal à l'espoir...
J'ai mal au monde que j'habite...
Gérald Bloncourt
Paris, 6 Février 1991
(ce poème a été écrit au moment de la première guerre du Golfe)