Auteurs: David Vann et Ugo Bienvenu (scénario), Ugo Bienvenu (dessin)
Éditeur: Denoël Graphic
Année: 2014
Nombre de Pages: 214
Un père part avec son fils sur un îlot désert d'Alaska pour y passer un an loin de la civilisation. Des images de Robinson plein la tête, son objectif est de resserrer les liens avec Roy, treize ans. Mais aussi de retrouver un peu d'admiration dans les yeux de son garçon, qui ne considère plus son père depuis le divorce de ses parents.
Mais l'écrasante nature, la dureté des conditions de vie à l'approche de l'hiver, la relation si étrange de l'adulte avec son enfant font monter doucement une tension sourde, une angoisse qui serre la gorge jusqu'au coup de théâtre qui fait définitivement basculer l'histoire...
Mon avis :
Cette adaptation en Roman graphique de Sukkwan Island de David Vann (prix Medicis Etranger 2010) était un projet ambitieux pour Ugo Bienvenu, jeune auteur dont c’est la première BD.
Dessins en noir et blanc magnifiques, le décor est planté à la « Into the wild », nous voilà emmenés au cœur de la nature.
C’est une BD riche en émotions, comme un roman noir psychologique, qui nous capture, nous faisant suivre les méandres de la relation d’un père à la dérive et de son fils (bien plus lucide que son père), et nous prend aux tripes pour nous emmener loin, très loin dans la folie ordinaire.
La couverture :
Sobre, comportant uniquement plein-centre le dessin d’un polaroid du père et de son fils, avec en fond un beau paysage de lac et de montagne : on retrouve vraiment le selfie de début d’aventure… au moment où tout va encore bien.
D’emblée s’en dégage un malaise bien adapté à ce type de roman noir : l’œil du père est déterminé tandis que le fils semble hagard … hébété.
Couverture souple, un beau roman graphique de plus de 200 pages, une couverture qui éveille la curiosité, … déjà l’envie de découvrir la suite. Je me dis à ce moment que je vais sûrement y passer une paire d’heures.
Le dessin, le découpage :
J’ai adoré le dessin en noir et blanc tout au crayon, qui nous projette dans ces paysages grandioses de la nature omniprésente. Plusieurs pleines pages, souvent des dessins sans texte, la nature y est belle et on s’y sent plongé … totalement.
Le découpage est parfaitement utilisé pour transmettre le rythme de l’histoire, tantôt lent, tantôt frénétique.
Que vous connaissiez le roman ou non, cette BD ne pourra pas vous laisser indifférent.
Les émotions transmises par les paysages grandioses pour commencer, happent véritablement le lecteur. On ressent pleinement la nature écrasante de beauté.
Mais c’est bien le scénario, ce huis clos entre un père et son fils, où l’on perçoit vraiment le décalage entre les envies du père et la réalité, les transgressions, qui conduisent au coup de théâtre qui bouleverse définitivement l’histoire.
Le récit est parfaitement mené, l’ambiance lourde et angoissante laisse plusieurs jours après la lecture un goût particulier … le goût de la grande claque que l’on s’est prise à la lecture.
Un grand livre … Dois-je encore le dire ? J’ai beaucoup aimé.
Interview de Ugo Bienvenu à la sortie de la BD
Martin
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