[Critique]LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique]LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES

Titre original : The Last Witch Hunter

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Breck Eisner
Distribution : Vin Diesel, Rose Leslie, Michael Caine, Elijah Wood, Julie Engelbrecht, Joseph Gilgun, Isaach de Bankolé…
Genre : Action/Fantastique
Date de sortie : 28 octobre 2015

Le Pitch :
Kaulder, un puissant guerrier vient finalement à bout de la reine des sorcières, en représailles de l’épidémie de peste noire que cette dernière a propagé sur le monde.
Condamné du même coup à l’immortalité par son ennemi, Kaulder continue, 800 plus tard, de faire respecter le fragile pacte de paix qui s’est alors établi entre les hommes et les sorcières. Quand son meilleur ami est tué par un être maléfique, il doit néanmoins se rendre à l’évidence : de terribles événements vont se produire, le positionnant du même coup en première ligne d’une guerre sans pitié…

La Critique :
Question : Vin Diesel est-il un bon acteur ou se contente-t-il de jouer une version fantasmée de lui-même à longueur de films ?
En un mot, la réponse est : oui !
Vin Diesel sait jouer la comédie. Mais pour cela, deux facteurs essentiels sont indispensables.
Le premier : un bon réalisateur qui sait diriger ses comédiens.
La preuve : Jugez-moi coupable, de Sidney Lumet, sorti en 2006. Très loin des rôles de gros balèze, Vin Diesel prouve qu’il sait faire autre chose et se montre excellent. Aussi minime soit-il, son rôle dans Il faut sauver le Soldat Ryan nous avait déjà mis la puce à l’oreille.
Le deuxième : il faut que Vin ait envie de se sortir les doigts.
La preuve : à peu près tous ses autres films.
Quand le public remplit les salles pour vous voir tabasser des types et conduire à tombeau ouvert, facile de se laisser aller à toujours reproduire ce genre de truc. Globalement, Diesel a donc fait honneur à son nom et -que ce soit avec les Fast & Furious et XXX– n’a jamais vraiment pris de risques.
Peu à peu néanmoins, le bougre a commencé à se laisser tenter par d’autres genres. Pas pour quitter sa zone de confort, mais tout simplement pour changer de cadre. Pas de voiture ? No problemo ! Vin peut aussi être un gars à qui il ne fait pas la faire à l’envers, comme dans la saga Riddick et incarne, à l’instar des Stallone et autres Schwarzenegger, une idée plus ou moins noble du héros au cœur tendre et aux muscles d’acier.
Ce qui nous amène directement à ce Dernier Chasseur de Sorcières, dans lequel Vin campe un immortel qui plus est invincible. Il se taille ? La plaie se referme ! On le brûle vif ? Il se réveille comme une fleur. Dur à cuire, au sens propre comme au figuré, Vin tente l’aventure vaguement heroic-fantasy et poutre de la sorcière à travers les siècles.

Malheureusement pour lui, le public et les critiques n’ont pas vraiment goûté à cette incursion dans le fantastique. Pour celui qui voulait probablement initier une nouvelle franchise, gonflé à bloc par le carton du dernier Fast & Furious, c’est raté ! Vin peut-il alors fédérer à lui tout seul ou lui faut-il toute une bande de gros bras à ses côtés pour intéresser les masses ? La question mérite d’être posée. Une chose est néanmoins sûre : personne n’a envie de le voir combattre des démons avec une épée en feu.
Mis en boite par Breck Eisner, dont le précédent fait de gloire fut d’offrir, avec The Crazies, un remake à un classique méconnu de George A. Romero, Le Dernier Chasseur de Sorcières est le parfait exemple du produit périmé avant l’heure. Un peu l’équivalent de ce camembert que vous sortez du frigo et qui, malgré sa date de péremption encore lointaine, est aussi dégueulasse qu’il put des pieds.
Bon, cela dit, n’allons pas jusqu’au dire que Le Dernier Chasseur de Sorcières est une purge totale. Non pas que nous hésitons généralement à tataner les films déjà mis à terre par nos confrères. En fait, si il touche régulièrement le fond, le long-métrage n’est jamais assez nul pour être drôle et bien entendu jamais assez bon non plus pour captiver un tant soi peu. Le trailer nous avait mis la puce à l’oreille et au final, le résultat est bien celui que nous redoutions.
Effets-spéciaux datés, réalisation brouillonne, scénario très con, Le Dernier Chasseur de Sorcières est juste le produit d’un boulot de feignasse. Le genre qui ne cherche même pas à renouveler ou à exploiter correctement quoi que ce soit, tout en se donnant des airs de gros blockbuster prétentieux.
Tout ce que vous pourrez voir dans ce film a déjà été fait ailleurs, en mieux. Enlevez Vin Diesel, Michael Caine et Elijah Wood et il ne reste qu’un vulgaire DTV destiné à faire le bonheur des cinéphiles masos pendant les soldes de janvier.
Et Michael Caine justement, qu’est-il allé faire dans cette galère ? Et bien, sachez qu’il n’est présent qu’au début et à la fin. Certainement là pour prendre un chèque, histoire d’assurer un peu plus ses arrières à l’orée d’une retraite annoncée, il confère au moins à l’ensemble un semblant de prestige. Elijah Wood lui, se cale sur son pote Diesel, et affiche la même expression de « lapin piègé par les phares d’une bagnole sur une départementale en pleine nuit » tout au long de l’histoire. Il est loin le temps du Mordor… En fait, seule Rose Leslie, la Ygritte de Game of Thrones semble s’amuser, certainement consciente que ce premier « grand » rôle au cinéma, pourrait lui offrir une nouvelle rampe de lancement. Peine perdue.

Bâti sur les épaules d’un Vin Diesel plus bovin que jamais, en pilotage automatique (on a compté 2 expressions : surpris et passif), Le Dernier Chasseur de Sorcières n’apporte rien. À personne. Jamais. Au contraire. Non content de plomber un peu l’image d’un acteur mégalo qui, sur le coup, fait preuve d’un total manque de discernement et d’engagement, le film s’avère plutôt ennuyeux. Basé sur une histoire qu’on connaît déjà par cœur, il reste en surface, s’en tient à des clichés éculés et n’est même pas foutu d’exploiter correctement son budget pour offrir un spectacle digne de ce nom. On ne saurait alors trop conseiller à ce bon vieux Vin de faire preuve d’un peu plus d’audace, ou, au pire, d’un peu plus d’exigence dans ses choix. À l’aube de la cinquantaine, le bougre a bien du mal à exister sans son volant et ses potes de tuning. Épée enflammée ou pas.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : SND