CHATEAU D'ABBADIA (Pyrénées-Atlantiques)

Publié le 30 octobre 2015 par Aelezig

Le château-observatoire Abbadia est un château de style néo-gothique construit par Eugène Viollet-le-Duc et Edmond Duthoit sur une commande d'Antoine d'Abbadie. Il est classé comme monument historique. Les riches collections scientifiques, d'archives et de mobiliers sont d'origine et représentent un considérable patrimoine culturel représentatif du XIXe siècle.

Antoine d’Abbadie naît à Dublin en 1810 de père basque et de mère irlandaise. La famille installée à Toulouse entre 1820-27 vient régulièrement sur la côte basque. Puis ils vivent à Paris jusqu’en 1837. Antoine rejoint alors avec son frère Arnauld une expédition d’une douzaine d’années en Abyssinie (Éthiopie), et le futur château sera imprégné par cette région. Les deux frères d’Abbadie souhaitent ouvrir la voie aux missionnaires catholiques. Ils quittent l’Afrique orientale fin 1848 et restent en relation avec des seigneurs éthiopiens.

Après un premier court séjour aux confins du Béarn, Antoine d’Abbadie s’installe à Urrugne en 1849 et continue de voyager pour ses recherches en Norvège, Espagne, Algérie, etc. En 1852, il est élu à l’Académie des Sciences de Paris comme membre correspondant dans la section de Géographie et de Navigation. Le train arrive à Bayonne en 1855 et à Hendaye en 1864 et facilite les relations entre la côte basque et Paris. En dépit de tous ses déplacements à l’Académie des Sciences et à l’étranger, Antoine d’Abbadie très attaché à la culture basque, poursuit ses travaux sur la langue basque. Il crée également à Urrugne des fêtes basques et lance des concours (poésie, pelote, irrintzina, bétail…) à partir de 1851. Il a aussi été maire d'Hendaye.

En 1859, Antoine d’Abbadie épouse Virginie de Saint-Bonnet (1828-1901), originaire du Dauphiné, et de 1864 à 1870, il fait construire le château sur la corniche basque. Le couple d’Abbadie s'est considérablement investi dans la construction de l'édifice.

Antoine d'Abbadie rêve d'un château observatoire où se mêlent ses passions orientalistes, africaines et chrétiennes. En 1857, Antoine d'Abbadie commande à l'architecte Clément Parent, un plan « dans le style à ogives ». Le projet de Parent (1859) évoque trop la Renaissance française. Antoine d'Abbadie se tourne alors vers Auguste Magne (1860) et le chantier commence en 1864. Le 13 mai 1864, Antoine d'Abbadie sollicite E. Viollet-le-Duc qui a peu de temps à consacrer au projet et le confie à son disciple E. Duthoitqui s'enthousiasme pour l’architecture arabe (il est alors directeur en chef des Monuments historiques en Algérie). Finalement, les plans de Clément Parent sont conservés mais les façades modifiées.

En 1858, un premier observatoire astronomique circulaire est construit, il sera détruit par la suite et remplacé par l’actuel bâtiment parallélépipédique. En 1865, les deux ailes occidentales et orientales sont couvertes.

L’architecte-paysagiste Eugène Bühler travaille au parc d’Abbadia, crée la ferme Aragorri - les communs du château - et réalise un remaniement territorial du quartier de Subernoa où le château est implanté et dont Antoine d’Abbadie est le principal propriétaire.

Entrée principale

La décoration intérieure polychrome, chargée de motifs orientalistes, rappelle les explorations des frères d'Abbadie et les formes décoratives médiévales occidentales ou mauresques d'E. Duthoit.

Les animaux emblématiques et symboliques témoignent aussi du goût du XIXe siècle pour l’orientalisme. Crocodiles, serpents, éléphants, singes, coquillages, etc., une faune exotique couvre les murs extérieurs du château sur les façades, les escaliers, les colonnes, etc. Chien, grenouille, escargot, chat chassant le rat complètent le cortège.

Sous le porche d’entrée, une citation en gaélique accueille le visiteur : Cead Mile Failte (Cent mille bienvenues). D'autres formules ornent par exemple une des cheminées Plus estre que paraistre et Transit vita sicut fumus (la vie passe comme la fumée). Des dictons en basque comme "Jainkoa bera langile on izanagatik, nahi du lankide" (Dieu étant bon ouvrier, il veut un compagnon de travail) ou Bizi bedi euskara célébrent le Pays basque.

Passionné d'astronomie, Antoine d'Abaddie édifie dans son château un observatoire, c'est la pièce la plus vaste du bâtiment.

Le vestibule

Au cœur du château, la bibliothèque témoigne de l’esprit curieux d’Antoine d’Abbadie. Lors du legs à l’Académie des Sciences, elle comptait plus de 11.000 volumes dont 234 manuscrits bibliques et littéraires, des écrits en ghez (langue liturgique éthiopienne), des romans, des recueils de poèmes et surtout, 960 ouvrages basques.

Dans le vestibule, un vitrail héraldique et dix fresques ethnographiques éthiopiennes sont dessinées par E. Viollet-le-Duc et E. Duthoit. Les fresques de l’entrée montrent la vie quotidienne en Abyssinie, d'un orientalisme propre à l'époque, teinté de romantisme. Les devises : « plus être que paraître » et « ma foi et mon droit » ornent les murs ainsi que des boucliers et cornes d’animaux éthiopiens.

Les murs de la salle à manger sont recouverts de cuir de buffle. Les chaises autour de la grande table portent chacune une lettre éthiopienne. L'ensemble, dans l'ordre, permet de lire la devise : "Puisse-t-il autour de cette table ne jamais se trouver de traître".

Toutes les chambres sont également décorées de façon orientale et comprennent des citations diverses.

Les terres d'Abbadia offrent une variété de milieux : falaises maritimes végétalisées, landes atlantiques, formations arbustives, haies bocagères, pelouses aéro-halines et prairies pâturées, chênaies-frênaies, aulnaies, ruisseaux intermittents. Des espèces méditerranéennes s'y développent mais surtout des espèces exotiques, implantées volontairement dans les jardins du château comme le palmier de Chine, l'eucalyptus, les hydrangeas, etc. ou invasives comme l'herbe de la Pampa ou le baccharis.

La corniche basque, espace "naturel" du littoral, offre aux oiseaux une halte migratoire avant le franchissement des Pyrénées.

Depuis fin 1988, le domaine d’Abbadia accueille une antenne du Conservatoire végétal d’Aquitaine.

Le château est aujourd'hui la propriété de l'Académie des Sciences. En 1895, Antoine d'Abbadie lui a en effet légué sa propriété.

Le château est classé comme monument historique le 21 décembre 1984. L'observatoire d'Abbadia est le premier et unique observatoire décimal. La remarquable lunette méridienne décimale construite par W. Eichens (1879) et ses accessoires est le seul exemplaire au monde dont les cercles gradués sont divisés en 400 grades puis en décigrades. Les microscopes permettent une lecture des distances polaires au 1/10 000 de grade près. Le 25 octobre 2001, cet ensemble instrumental a été classé lui aussi au titre des Monuments historiques. Les meubles et objets mobiliers ont été classés en 2003.

Le château a fait l'objet de 1997 à 2008 d'un vaste programme de restauration.

En 2011, le ministère de la Culture et de la Communication crée un nouveau label : Maisons des Illustres, au titre de la conservation et de la transmission en mémoire de femmes et d’hommes les ayant habitées et s'étant illustrés dans l’histoire politique, sociale et culturelle de la France (111 maisons sont actuellement labellisées). Abbadia reçoit le label en 2012. Le label délivré par le ministère est attribué pour une durée de cinq ans renouvelable aux maisons ayant une ouverture au public d'au moins 40 jours par an.

Visité en 1999.

D'après Wikipédia