Titre : Le feul
T1 : Valnes
T2 : Les Brohms
T3 : L’héritage
Scénariste : Jean-Charles Gaudin
Dessinateur : Frédéric Peynet
Parutions : Avril 2005 – Janvier 2007 – Janvier 2009
On m’avait offert le premier tome du « Feul ». À l’époque, je me méfie des séries de fantasy aux démarrages sympathiques qui s’étiolent au fur et à mesure et ne donne pas suite à la série. Quelques occasions dénichées plus tard, me voilà avec les trois tomes en ma possession. C’est donc une série relativement courte (de nos jours) qui nous est proposée par Peynet (au scénario) et Gaudin (au dessin). Le tout est publié chez Soleil.
Des tribus, des coutumes, des conflits…
Si le début de la série laisse présager un univers de fantasy assez classique, ce n’est pas vraiment le cas. Ainsi, si chaque tribu est différente physiquement, ce sont tous des humanoïdes. Et si le monde est peuplé de bestioles et de monstres effrayants, la magie est complètement absente. Ainsi, c’est avant tout un univers de tribus qui nous est proposé. Le monde n’est pas industrialisé et les gens vivent dans des huttes.
L’histoire insiste donc sur les différences de culture des tribus. Cela passe par les croyances, la sexualité ou la façon d’aborder les problèmes. Cet aspect est très réussi et développé, les auteurs cherchant à aborder le thème de la tolérance envers la différence à travers de nombreux dialogues entre les protagonistes. Ainsi, « Le feul » reprend un classique de la fantasy : un groupe de peuplades différentes qui doivent cohabiter.
La grande force du « Feul » tient dans sa case finale qui donne tout le sens à l’ouvrage. C’est particulièrement remarquable et j’ai mis du temps à m’en remettre. En cela, la série est singulière et le traitement par les auteurs incroyable. À la fermeture du troisième tome, il nous prend un irrésistible besoin de reprendre l’ensemble…
Le dessin assuré par Gaudin est de grande qualité. De nature classique, il propose un découpage toujours bien mené qui associe longues discussions et scènes d’action. La narration à la première personne, qui s’intercale dans les moments plus calmes, apporte un plus et permet à Gaudin de laisser parler son dessin. Et la couleur directe, aux tons très doux, sort des codes actuels du genre qui vise plutôt les couleurs vives et tape-à-l’œil. Cela donne un petit côté rétro pas désagréable aux ouvrages. Et vu le thème traité, c’est parfaitement adapté.
« Le feul » est une série qui se lit aisément, avec des personnages forts et des tribus aux coutumes bien développés. Alors que l’on prend l’acceptation de la différence comme thème principal, les auteurs nous surprennent par une fin qui ajoute une couche supplémentaire de narration. Une belle série en trois tomes, bien pensée et bien réalisée. Du beau travail, à la fois classique et original.