En investissant près de 500 millions dans Ubisoft, Vivendi détient désormais 10% de l’un des plus importants studios de jeu vidéo au monde. La transaction ne s’est toutefois pas faite dans les règles de l’art selon Guillemot.
«Nous avons le sentiment d’avoir vécu une agression», raconte Yves Guillemot à propos de l’arrivée chez Ubisoft de Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi. Aux dires de celui qui a fondé avec ses frères en 1986 l’une des plus importantes entreprises de l’industrie du jeu vidéo, une conversation téléphone a eu lieu deux heures avant l’annonce officielle. Elle n’a duré que cinq minutes, et il n’a jamais été question de la participation de Vivendi dans Ubisoft.
«On n’entre pas dans une société en cassant la porte! Cette attitude est d’ailleurs très surprenante pour un groupe industriel comme Vivendi.»
«Prendre un pourcentage dans notre société sans discuter avec nous au préalable, ce sont des méthodes d’un autre temps. On n’entre pas dans une société en cassant la porte», a-t-il déclaré lors d’une entrevue avec le journal Les Échos cette semaine.
«Normalement, on essaie de comprendre l’intérêt de chacun avant toute manœuvre. C’est la méthode des activistes, celle qui consiste à mettre sous pression le management et à procéder à un contrôle rampant sans payer de plus-value aux actionnaires.»
Visiblement choqué par ce qui s’apparente à une offre publique d’achat hostile (hostile takeover), Guillemot souhaite néanmoins gardé son sans froid.
«Avant tout, nous devons rester concentrés sur notre activité, c’est ce qui nous a permis d’être numéro 3 mondial dans notre secteur. Nous avons toujours agi dans l’intérêt de tous nos actionnaires, nous continuerons à le faire. Nous allons étudier toutes les options possibles, y compris auprès de nouveaux partenaires. Cela pourrait par exemple être des acteurs qui créent des plateformes et qui ont besoin de contenus.»
Selon Guillemot, préserver l’indépendance d’Ubisoft est la clé pour décrocher davantage d’alliances dans cette industrie. C’est ainsi que l’entreprise est parvenue à bâtir des marques telles que Assassin’s Creed, Far Cry et Watch Dogs, sans parler des Lapins Crétins et de la mascotte du studio, Rayman. D’ailleurs, des ententes avec 20th Century Fox, Sony Pictures et Warner Brothers ont été conclues afin de porter certains des personnages de ces jeux au grand écran.
Comme le rappel Bloomberg, ce n’est pas la première fois qu’Ubisoft devient la cible d’importants investisseurs non sollicités. Il y a dix ans, Electronic Arts s’est porté acquéreur de 20% de l’entreprise, un geste qui a également provoqué des spéculations concernant une potentielle prise de contrôle totale par le géant américain. L’entreprise californienne a toutefois vendu ses parts en 2010.