Et puis le Prieuré Saint-Augustin ?
Le Prieuré, c'est une autre aventure. Au début des années 1980, des amis nous ont prêté une petite maison tout près de ma résidence actuelle. Elle est devenue notre résidence secondaire pendant cinq ans. Et en 1987, nous avons acheté une maison et sommes venus nous installer ici définitivement.
À l’époque, j'allais souvent au Centre « Sainte-Croix » où j’animais des stages. J'y ai rencontré une femme qui s'appelle Agnès Desanges. Passionnée par mon travail, un jour elle m'a dit : « Ça ne t'ennuie pas que je vienne habiter à Rochefort-sur-Loire ? ». Je lui ai répondu : « Tu as le droit d'habiter où tu veux en France mais je ne veux pas que ce soit à cause de moi ». Elle est venue s'installer : ce n’était en effet pas pour moi mais pour mon travail ! Elle a organisé ici des cours, des conférences pendant une vingtaine d’années et en 2007, elle est venue m’annoncer : « Je vais acheter une propriété à Angers et nous allons créer un Institut d'Anthropologie spirituelle. Je suis tombée des nues et c'est ce qui s'est passé. Toute refaite à neuf, la propriété située à la limite sud d'Angers est magnifique avec ses trois hectares de parc. L’activité essentielle, c'est l'enseignement de l'anthropologie des grandes traditions du monde. Cet enseignement se déroule sur trois années à raison de sept week-ends par an et l’année prochaine, on débutera la troisième promotion. Les étudiants sont bouleversés et leur cœur s’ouvre au message des grandes profondeurs dans toutes ces traditions.
Je suis étonné que l’enseignement ne soit pas centré que sur la tradition judéo-chrétienne qui contient tout ?
Je vais vous dire ma vision de base : le signe de l'alliance que Dieu donne à Noé, c'est l'arc-en-ciel, c’est-à-dire la lumière une qui se diffracte en de multiples lumières ; mais chaque lumière porte la lumière une. Chacune des traditions exprime une couleur. Le christianisme est central, c'est évident pour nous. Et toutes les traditions - cela est indicible - viennent apporter leurs lumières propres qui toutes sont dans le christianisme mais on ne voyait pas. Et le Christ qui est "JE SUIS" est présent dans toutes les traditions depuis toujours.
C'est quelque chose de très bouleversant, très beau. Ça vient fortifier notre révélation judéo-chrétienne.
Donc étudier les autres traditions vous paraît-il important ?
Ce sont des perles. Si vous vous plongez dans la tradition chinoise ou celle de l’Inde, ce sont des visions tellement différentes. Or, lorsqu'on parle le langage de la tradition, on ne peut parler que dans un langage paradoxal parce que c'est quelque chose d'infiniment mystérieux. C'est pour ça que toutes ces traditions qui apportent un autre langage, révèlent un trésor magnifique. Elles viennent préciser le christianisme, l’éclairer d’une lumière supplémentaire.
Peut-on étudier à fond toutes les autres traditions ?
Non, mais on a des professeurs qui vont à l'essentiel, des êtres de très haute valeur. Et surtout, nous insistons non pas sur un enseignement intellectuel mais sur l'expérience de ces êtres-là : ils se situent dans le sillage d’un père Monchanin, d’un père Le Saux par exemple, qui ont vécu l'hindouisme dans une grande profondeur ; d’autres maîtres qui vivent le judaïsme ou le soufisme à fond...
Notre tradition est tellement magnifique, tellement complète...
Oui, à condition qu'on sache ce qui est écrit et la plupart du temps on ne le sait pas. Nous avons eu la visite d'un prêtre envoyé par l'évêché. Et parce que j'enseigne les trois baptêmes, celui de d'eau, celui du feu, celui du crâne, il m’a demandé : « Qu'est-ce que c'est que ce baptême du crâne ? ». Je lui ai donné les références des Évangiles qu'il ne connaissait même pas, ce n'est pas enseigné. Vous voyez, on connaît très mal le christianisme et encore moins le judaïsme. Si je vous demandais, à l'heure actuelle qu'est-ce qui se passe quand le Christ guérit un malade ?
L'ennemi est devenu l'ami parce qu’il m'a amenée à faire une prise de conscience
À brûle-pourpoint, je ne pourrais pas vous répondre.
C'est complètement ignoré parce que c'est une dimension qui ne peut pas être dite ; la tradition profonde du christianisme me fait voir le Christ qui, à ce moment-là, descend dans les enfers du malade ; il se mesure au démon qui s'exprime par la maladie ; il s'unit à ce démon, l’intègre et l’énergie du démon devient information. Parce que Jésus est « JE SUIS », il est l'Instant. On ne peut pas décrire ce qui se passe dans un instant. Tout cela est totalement ignoré des chrétiens !
...