Déguster un repas, léger, tout en faisant l’effort de pousser est évidemment un peu exagéré. Cependant, cette étude présentée au Congrès annuel de l’Anesthésie 2015 (San Diego) remarque que la plupart des femmes en bonne santé pourraient se passer de jeûne et auraient tout avantage à prendre un repas léger au début du travail, durant leur accouchement. Alors que les progrès de l’anesthésie ne sont pas discutables en particulier sur la réduction des risques liés à l’alimentation, chez la plupart des patientes, ce petit encas pourrait prévenir, expliquent les auteurs, une insuffisance d’énergie pendant le travail…Car leur examen de près de 400 études montre qu’un accouchement demande à peu près autant d’énergie qu’un marathon.
Bien évidemment, ce principe pose quelques problèmes d’asepsie. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles les femmes, qui vont accoucher, doivent s’abstenir de manger ou boire juste avant et pendant le travail, avec d’autres risques, comme celui de fausse route. Mais ces chercheurs mettent en avant les progrès de l’anesthésie et ont donc effectué un examen de la littérature sur le sujet. Ils concluent qu’un repas léger ne pourrait pas » faire de mal « , au contraire.
Christopher Harty, étudiant en médecine à l’Université Memorial, à St. John (Canada), co-auteur de l’étude, suggère ainsi qu’une évaluation de chaque patiente devrait permettre de déterminer quelles patientes pourraient avoir droit à un repas léger pendant le travail. L’idée, faire de l’accouchement une expérience plus agréable et apporter de l’énergie pendant le travail.
Le risque d’inhalation bronchique des aliments est quasi nul aujourd’hui soulignent les auteurs, qui relèvent un seul cas d’aspiration associé au travail et à l’accouchement, aux Etats-Unis, entre 2005 et 2013, l’absence de cas au Royaume-Uni entre 2000 et 2005 vs 1,5 cas par 1.000 dans les années…40. Les progrès dans l’anesthésie, avec un recours accru à la péridurale ont quasiment éliminé le besoin d’une intubation trachéale- qui augmente le risque d’inhalation bronchique.
En revanche, le besoin d’énergie durant le travail est bien là ! L’analyse de 385 études suggère que globalement un accouchement demande à peu près autant d’énergie qu’un marathon. Sans apports énergétiques, le corps va puiser dans les graisses comme source d’énergie, ce qui entraine une augmentation de l’acidité du sang de la mère et de l’enfant, pourrait réduire les contractions utérines d’où plus d’efforts pour la mère et des scores de santé inférieurs pour le nouveau-né. Et c’est sans compter l’effet » stress émotionnel » du jeûne imposé.
Bref, bientôt les femmes qui accouchent sans complication pourront peut-être exiger un repas léger pendant le travail. Un petit potage, des toasts voire de petits sandwiches, des fruits, un jus de fruit ou de l’eau, précise même le communiqué de l’American Society of Anesthesiologists.
Source: American Society of Anesthesiologists et ANESTHESIOLOGY® 2015 annual meeting 24 Oct, 2015 Most healthy women would benefit from light meal during labor
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