Serena - 7,5/10

Un film de Susanne Bier (2014 - USA, France, République tchèque) avec Bradley Cooper, Jennifer Lawrence, Rhys Ifans, Toby Jones, David Dencik, Sean Harris, Ana Ularu

Joli film, dramatique mais pas mélo, non, non, non. 

L'histoire : Années 20, Caroline du Nord. George Pemberton déforeste et débite le bois, une affaire prospère, et lutte contre les autorités qui voudraient bien prendre ses terres pour les transformer en parc national, au nom de la préservation de la nature. Il rencontre Serena, orpheline, dont les parents tenaient également une vaste exploitation forestière. Coup de foudre. Il l'emmène chez lui et la présente à tous, non seulement comme son épouse, mais aussi comme son associée, sa partenaire, la jolie dame annonçant elle-même "qu'elle n'est pas là pour faire de la broderie". Mais son charme et son professionnalisme opèrent rapidement sur tous. Le couple envisage, une fois qu'ils auront suffisamment d'argent de partir au Brésil, où George, moyennant un lourd endettement, a acquis de nouvelles forêts. Mais la vie est parfois plus compliquée qu'il n'y paraît...

Mon avis : Dilemme hier soir. J'aime Susanne Bier. J'aime Bradley et Jennifer. Et une romance dramatique, j'adore. Mais les critiques étaient épouvantables. Mélo, cliché, lent, scénario inexistant, réalisation à la one again... la totale ! Néanmoins, au milieu de tout ça, une bonne poignée de résistants qui crient au bashing et ont aimé le film. Alors on a tenté. De toutes façons, on est habitué à se prendre des bouillons, un de plus un de moins... Et franchement, je ne pouvais pas laisser passer un Susanne Bier.

Et bien ce fut une excellente surprise par rapport au lynchage général ! Ce n'est ni mélo (si ce n'est que c'est une histoire d'amour belle et triste, mais pas tire-larme), ni cliché (quelques situations prévisibles mais pas plus qu'ailleurs), et j'aime la réalisation : douce, sensuelle, caressante, avec de magnifiques images, des beaux paysages, et le charme fou des années 20, parfaitement rendu. Les personnages sont intéressants, avec leurs faiblesses et leurs forces, leurs tiraillements, leurs blessures. Et j'ai aussi aimé le mystérieux Galloway, qui devient l'âme damnée de la belle Serena. En toile de fond, on notera le message écolo et anticapitaliste.

Evidemment, ce n'est pas un film pour ceux qui ne jurent que par l'action, le mitraillage et les scénarios où on ne comprend rien.

C'est du romanesque, et chacun ses goûts. Crotte. Ca m'a rappelé le méconnu et très joli Voile des illusions : même époque, même charme, même romance dramatique. Le film s'inspire du roman de Ron Hash (2008).

Comme je vous le disais plus haut, donc, le sort s'est acharné sur ce film, qui n'est sorti aux Etats-Unis que trois ans après le tournage. Bier a dû présenter trois versions, toutes étant jugées mauvaises ! Finalement un distributeur décide de le prendre. Et là, c'est la critique qui est à son tour très négative... et on se demande pourquoi, vraiment. Il y a des bouses qui font de gros succès, et ce joli film-là, non ! C'est incroyable... Evidemment avec des jugements pareils, le film n'attirera que 80.000 spectateurs en France. Ceux qui l'ont vu pourtant se montrent beaucoup moins sévères. Beaucoup beaucoup moins sévères.

Etrange affaire.

Message perso : Sacha, je crois que celui-là tu vas l'adorer !