Célébration de la Suisse paisible, celle d'avant les banques, l'UDC rayonnante et la peur de l'étranger... Une Suisse modeste et heureuse que reprend Vialatte après... Victor Hugo :
« Le Suisse trait sa vache et vit paisiblement. »
(Qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas, c’est de Victor Hugo, dans La légende des siècles. Et il faut avouer qu’on ne s’y attendait pas.)
C’est qu’il a attaché sa chaise à son derrière, ce qui facilite beaucoup de choses. C’est une « commodité de la conversation ». Il se sert pour cela d’une énorme ceinture. Il peut ainsi passer d’une vache à l’autre sans voiturer lourdement son fauteuil, qui se compose d’ailleurs d’une simple sellette à un seul pied, le tout d’un bloc, mal dégrossi ; ce qui explique que le pied ne se rentre pas comme la vis du tabouret du piano, et qu’on le taille comme un crayon, pour qu’il enfonce mieux dans la terre. Cet aiguillon abdominal prête au Suisse l’apparence d’un prodigieux insecte. S’il avait le ventre rayé de jaune, on le prendrait pour une abeille.
Il vit sa vie assis sur ce clou* ingénieux, coiffé d’une calotte d’enfant de chœur, brodée de myosotis, en paille fine. Il va vite, il ne se fatigue pas. Ensuite il chante une tyrolienne. Et c’est pourquoi il vit paisiblement.
(Honneur à M. Veillon – La Montagne – 3 mars 1953)
La version de Totor :
LaSuissedansl’histoireauralederniermot
Puisqu’elleestdeuxfoisgrande, étantpauvre, etlà-haut ;
Puisqu’elleasamontagneetqu’elleasacabane
LahoulettedeSchwitzqu’uneviergeenrubanne,
Fière, et, quandillefaut, sehérissantdeclous,
Chasselesroisainsiqu’ellechasselesloups
GloireauchastepaysqueleLémanarrose !
Àl’ombredeMelchthal, àl’ombreduMont-Rose,
LaSuissetraitsavacheetvitpaisiblement
Sablanchelibertés’adosseaufirmament
Lesoleil, quandilvientdorerunechaumière,
Faitqueletoitdepailleestuntoitdelumière ;
TelleestlaSuisse, ayantl’honneurdanssesprésverts,
Etdesonindigenceéclairantl’univers
* Le clou en question s'appelle un botte-cul.
Ne pas confondre avec un gode-ceinture.