Elle était minuscule, prenait l'autobus 16 à Sillery, et avait toujours ses yeux merveilleusement cilés qui mettaient en valeur ses yeux verts trempés dans le brun. J'ai toujours eu un faible pour les brunettes.
Je ne lui parlais pas parce que nous ne fréquentions pas la même école secondaire. Elle était aussi plus jeune et les filles plus jeunes que moi m'intéressaient assez peu. Habituellement, je prenais l'autobus 11 qui me laissait plus près de chez mois pour le retour à la maison. Mais à l'occasion, quand je prenais la 16, ne serais-ce que pour jaser avec Nat, Pat, Fred, Carine ou Marie-Claude, c'était M-C que je cherchais du regard dans la foule de l'autobus. C'était Québec dans les années 80, la foule ne serait jamais celle du métro de Montréal à l'heure de pointe, mais tout de même, nous nous retrouvions debout et je pouvais admirer madame de ses 2'9. C'était le seul défaut que je lui trouvais, sa trop petite taille. Et c'est peut-être ce qui m'a freiné dans mes envies de l'approcher. Chez les femmes, si un corps, ou une partie du corps, et nettement moins développé, il y a cette partie inconsciente de ma tête qui me freine, car j'ai l'impression que l'enfant ne se tient pas loin. Pas que l'enfant en soi une chose désagréable, mais avoir des contacts physiques avec une fille en presque totale absence de poitrine ou de franchement trop petite taille, une fille imberbe au niveau du sexe, ça m'aplatit l'outil.
Marie me plaisait beaucoup. Du regard et de la voix. La voix est quelque chose qui a grandi exponentiellement dans ce qui me charme avec les années. Il y a beaucoup de femmes de nos jours qui, quelques fois, me font me poser la question "pourquoi celle-ci m'attire autant?". Et bien souvent, il s'agit de la voix. Marie-Claude Savard a quelque chose dans la voix qui me plait encore.
Mais elle a perdu la face.
Je comprends ce qui rend le poker si populaire: le Botox.
Marie y est tombée promptement.
Et personnellement je trouve cela affreux.
Nettement rebutant.
En passant par chez Salvail avec la zappette, dans une de ses multiples émissions où on semble se retrouver dans un camp de vacances avec des pré-ados, j'y voyais Josée Boudreault qui avait choisi, à sa manière, de rendre hommage à 1987 avec un terrible jumper suit tout en jeans.
Mais Jo semble multiplier les choix malheureux.
D'abord de carrière. Elle est passée de...de...de quoi déjà? animatrice? chroniqueuse?..-j'aurais beaucoup de difficultés à présenter Josée Boudreault- à humoriste. Un passage plutôt malheureux. Je crois qu'elle humorise toujours sur scène. Et c'est un métier affreusement difficile je le sais, mais Josée n'a pas beaucoup fait le poids sur scène. On a dû la confiner à de (très) petites salles si on ne voulait pas voir trop de sièges vides. L'effort, comme tout effort, restait honorable et ça prend un courage de lion pour monter sur scène et faire face à une foule dans le but de les faire rire. Mais depuis, on la voit surtout dans des émissions qui rassemblent des "vedettes" de la télé pour faire des jeux en fin d'après-midi, début de soirée, soirée, ou même en matinée. Il semble n'exister que ça à la télé francophone. Ça et des émissions de cuisine ou de rénovations.
Quand je l'ai vu chez Salvail, je suis resté hypnotisé. Par son jumper en jean d'abord. Puis, elle a dit quelque chose de drôle et quand elle a voulu en rire elle-même, le visage a été incapable de faire le moindre mouvement. La joue gauche a levé extrêmement subtilement mais l'oeil est resté comme celui d'une poupée. Presque vide. Son visage avait l'apparence d'un oeuf avec sa coquille intacte. Les invités ont ri, elle en a rajouté, tout le monde a ri à nouveau, la franche camaraderie était au rendez-vous, mais le contraste devenait saisissant entre elle et les autres invités. Sa tête avait quelque chose de l'automate. C'était légèrement grotesque.
Et ça m'a rendu extrêmement inconfortable. Ma fille qui me regardait m'a demandé "Qu'est-ce qu'il y a papa? as tu mal quelque part? tu fais une face..."
"Oh! nonon...j'ai mal au naturel..." que j'ai répondu, avant de lui expliquer qu'être naturelle, spontanée, vraie sous toute ses formes est encore une des plus belles qualités sur terre. Son contraire souvent l'une des pires.
Je ne suis pas une femme dans le milieu de la télé, ou le milieu public et il est facile pour un gars d'être rebuté face à ce côté "Frankenstein" féminin. Je sais aussi que la compétition est féroce dans un milieu artistique de très petit marché et que quelques fois des décisions du genre doivent probablement s'imposer chez les femmes, ne serais-ce que pour assurer sa survie artistique. Vu Shania Twain l'autre tantôt et ne l'aurais pas reconnue.
Mais reste que j'ai toujours le feeling que je viens de faire un face-à-face avec la mort quand je vois de ces visages trafiqués. Hommes ou Femmes.
Au poker, ces gens seraient redoutables. Rien ne bouge.
Je ne dois pas être le seul homme à avoir un sérieux "turn off" par des choses du genre.