Je comprends parfaitement que les jeunes se désintéressent de la politique : en plus du fait que les politiciens actuels soient d’un niveau tellement bas qu’il défie toutes les normes, la jeunesse n’a aucun repère bibliographique sérieux pour l’aider à reconstituer les dernières années de notre histoire, notamment ces années qui ont connu “l’alternance” et l’arrivée au gouvernement – et non pas au pouvoir – des partis de l’opposition.
Aussi, “ABDERRAHMANE YOUSSOUFI et les dessous de l’alternance“, publié par TelQuel Média, le livre de Mohamed ETTAYEA – rédigé en arabe dans sa version originale parue en 2013 puis traduit en français par Mohamed Bouderham en 2015 – tombe-t-il à pic pour rafraîchir la mémoire des uns et pour éclairer la lanterne des autres.
Cet ouvrage, comme nous prévient l’auteur avec une grande honnêteté intellectuelle, représente le travail d’un journaliste qui ne saurait prétendre “ni à l’érudition de l’historien , ni encore moins à la méticulosité de l’universitaire”.
Une fois cette précision prise en compte, la lecture de cet opus prend une dimension particulière, parce que aucune référence n’est signalée, aucun renvoi à une source n’est indiqué. Il faudra donc nous contenter de la bonne foi de l’auteur – et en principe il n’y a aucune raison d’en douter, il n’y pas eu que l’on sache de démentis ou de mises au point – qui affirme que “les détails et les dizaines d’anecdotes et de faits contenus dans ce livre ont été collectés lors de dizaines de rencontres et de face-à-face avec des des hommes politiques qui ont fait et vécu l’alternance“.
Il faut donc prendre cet ouvrage pour ce qu’il est et ce n’est en rien un reproche que je formule là.
Si l’auteur ne se livre à aucune analyse profonde ou personnelle de la situation politique durant les dernières années du règne de feu Hassan II, il nous permet d’apprendre ou de redécouvrir des événements qui ont marqué cette période.
La lutte sourde, insidieuse et parfois frontale menée contre l’idée même d’alternance par l’ancien homme fort du royaume, feu Driss Basri, y est détaillée avec subtilité, l’auteur ne cachant ni son antipathie pour le ministre de l’intérieur de Hassan II ni sa sympathie pour le premier ministre socialiste Youssoufi.
L’auteur tente par ailleurs de rapporter assez fidèlement les événements qui ont mener à l’avortement de la phase d’alternance, avec la nomination de Driss Jettou au poste de premier ministre. Dommage qu’il n’ait réservé que quelques mots à Abbas Fassi dont le rôle a été déterminant dans cet échec.
Bien sûr en tant que journaliste, Mohamed Ettayae a insisté sur les problèmes du gouvernent de Youssoufi avec la presse et le monde des médias en général.
Il termine son ouvrage par la relation de la déconfiture du parti de Abderrahman Youssoufi sous les coups de buttoir de beaucoup de ses leaders qui se sont livrés une guerre fratricide qui a mené l’U.S.F.P. à la triste réalité qu’elle vit actuellement.
A lire donc, pour remettre de l’ordre dans ses souvenirs ou dans ses connaissances!