Un film de Peter Berg (2013 - USA) avec Mark Wahlberg, Taylor Kitsch, Emile Hirsch, Ben Foster, Eric Bana, Alexander Ludwig
Captivant du début jusqu'à la fin.
L'histoire : Afghanistan, 2005. Un camp militaire américain prépare une mission pour éliminer un chef taliban et son second. Quatre hommes sont choisis pour aller, dans la montagne, prendre position au plus près du village où ils sont basés avec leurs hommes, les identifier et les éliminer. Ils sont lâchés en hélico à une distance d'où le village n'entendra pas les moteurs, et doivent faire le reste du chemin à pied pour s'approcher sans se faire repérer. Mais alors qu'ils prennent quelques instants de repos, un troupeau de chèvres débarque soudain... Et qui dit chèvres, dit berger...
Mon avis : L'opération Red Wings est un épisode tragique et bien réel de la guerre en Afghanistan. J'avoue qu'en choisissant le programme ciné hier soir, je n'étais pas emballée... un film de guerre, encore, et puis ce Peter Berg, je ne suis pas trop fan, sauf de son délirant Very bad things, qui n'a vraiment aucun rapport (sauf l'aspect bien gore) ! Mais je voyais bien que mon indécrottable-mâle-guerrier de mari avait bien envie de voir Marco en découdre avec du taliban. Bon. Et bien j'ai adoré ! Comme quoi, il faut toujours laisser une chance aux films : quand on se fait surprendre par ce qu'on aurait condamné d'avance, c'est double régal !
D'abord, c'est le train-train, la routine. Les soldats dans leur camp de base, entraînements, skype avec les épouses aux States, blagues de collégiens. Puis explication de la mission, attribution des rôles, matos, crapahutage. Mais déjà, là, on s'est attaché à ces gars, à cause de leur côté humain, next door boy, parfaitement illustré, sans trop en faire ni pas assez. Des mecs normaux, quoi.
Et puis une fois qu'ils sont lâchés dans la montagne, que l'opération commence... l'enfer qu'ils vont vivre vous prend aux tripes. La réalisation est parfaite, belles images, rythme implacable, suspense terrible... Seuls, gravement blessés par de nombreux tirs, mais aussi pas d'innombrables chutes dans les rochers, encerclés par les talibans, on est absolument pris par le rythme du film, la qualité de la narration et du jeu des acteurs.
Et, sur la fin, la scène finale entre Marco, le papa afghan et son petit garçon, m'a émue aux larmes. Toute la symbolique qu'elle contient (il ne faudrait surtout pas la résumer à une séquence tire-larmes) est absolument magnifique et rappelle combien les guerres sont absurdes et que partout il existe encore quelques lueurs d'espoir. Ouais, je spoile un peu, mais c'est une histoire vraie, on ne va pas faire de chichis.
D'ailleurs la fin est vraiment bien, inattendue, et nous rappelle qu'en Afghanistan, il n'y a pas que des talibans, mais aussi plein de résistants à la dictature islamique de ces derniers, qui combattent pour la liberté, leur liberté.
C'est le survivant, Marcus Luttrell, auteur d'un livre où il relate cette mission, qui en a envoyé un exemplaire à Hollywood. Il dit : "J'aurai beau raconter cette histoire un nombre incalculable de fois, et j'aurai beau avoir d'innombrables lecteurs de mon livre – ce n'est rien en comparaison de l'impact que pourra avoir ce film. Cette fois, j'ai le sentiment d'avoir fait mon boulot. Mission accomplie."
Vraiment un film magnifique (qui a d'ailleurs reçu plusieurs récompenses)... et Dieu sait si la guerre n'est pas mon sujet favori, vous le savez !
Gros bémol bien énervant : Déjà ça m'a fait peur au tout début ; avec le générique d'entrée, nous avons une sorte de mini-film de progagande, avec des militaires américains à l'entraînement : très très dur, voire violent, pour qu'ils soient prêts à affronter des situations inhumaines. Bon OK, on le sait, ça va... Ca dure trop longtemps et ça devient vite hyper agaçant, cette glorification de l'armée américaine. Bon, ouf, ça s'arrête et on passe au film proprement dit, avec les acteurs. On adore, on reste sur le popotin, secoués par cette histoire. Et hop générique de fin. Et là, Peter Berg se met à nous passer des photos des vrais gars, en hommage... portrait en uniforme, moments en famille, etc. etc... Hyper agaçant ! On n'est pas des boeufs, on a compris ! Quand on voit le film, on EST terrassé par le courage de ces types, grâce à la magnifique réalisation qui nous permet de comprendre, sans pathos, sans mélo, que chacun pense à sa famille, se demande ce qu'il fout là... on n'a pas besoin de toute cette propagande baveuse pour dire merci à tous ces types qui, tant bien que mal, nous protègent et suent sang et eau pour ce faire. Et puis, il n'y a pas que ces quatre-là... il y en a des milliers d'autres. Alors ce SurHommage devient presque méprisant pour tous les autres, anonymes. A la limite, ces images auraient presque l'effet inverse au but recherché et ce "tribute to" gâche presque le message tellement c'est gros et lourdingue !
Que ces âmes valeureuses reposent en paix et basta.
La critique professionnelle est excellente... mais avec des réserves : personne n'encaisse la "propagande" que je cite plus haut, au détriment parfois du reste du film. Du coup, 253.000 entrées seulement. Ca méritait plus ! Mais les internautes, salle ou DVD, sont emballés, le film vit sa vie et il la vit bien. Les internautes font, comme moi, abstraction du patriotisme américain, et jugent le film, rien que le film, et là c'est l'enthousiasme. Certains apprécient même cet hommage appuyé que rend le réalisateur aux quatre hommes, jugeant que, ma foi, ils le valaient bien... Après tout, pourquoi pas. On a aussi tendance à minimiser le rôle de ces sodats ; on a le poil qui se hérisse dès qu'on entend parler des morts au combat "Ben oui, et alors ? C'est leur métier, non ? Ils ont choisi, hein ?"... Finalement, le tribute nous met dans la figure que OUI, ces gens-là se sacrifient pour nous, alors qu'ils ont comme nous des familles qu'ils aiment, un chien, un village natal... Et que s'ils ont décidé d'être militaires, c'est dans le but de protéger et de défendre... pas de mourir ensanglanté dans une vallée afghane.
Ben flûte... me voilà devenue militariste...