La nouvelle est tombée par un communiqué assez laconique et froid : ce jeudi 22 Oct. Raf Simons aux commandes de la maison Dior depuis 3 saisons a decidé de quitter en plein succès la maison qui l’a fait connaître aux yeux du grand public. Mais faut t-il vraiment s’étonner de ce départ ? La réponse est NON! Darkplanneur vous dit pourquoi en 3 points d’observations.
Le best of du défilé Christian Dior haute… par VOGUEPARIS
Observation n°1: Temps Long vs Fast Fashion
Raf Simons est un créateur / directeur artistique conceptuel ! Il aime prendre son temps pour ‘sizer’ ses silhouettes, ses collections, et ce temps de la réflexion est de plus en plus en inadéquation avec l’accélération des collection ( Haute-Couture, Prêt à Porter, Accessoires, croisière, etc…), plus les campagnes publicitaires à shooter, superviser la création des parfums, répondre encore et toujours plus vite aux cadences infernales imposées par les H&M, Zara et autres, etc… Bref, plus de temps pour s’oxygéner et pour vraiment créer. Au lieu de se réfugier dans les volutes des paradis artificiels comme certains de ses confrères, il a préféré reprendre sa liberté et se réapproprier son temps..Admirable!
Observation N°2 :Contemporain vs Aristocratie
Raf Simons chez Dior, c’était une réussite commerciale (+ 60% !!!), une réussite stylistique ( quand le conceptuel minimalisme rencontre la technique de la Haute-Couture, cela crée forcement des instants d’émotion et de grâce vestimentaire), malheureusement ce n’était sans doute pas une réussite humaine (même si on nous dira forcément le contraire), et en cela le documentaire de Frédéric Tcheng (Dior and I) est criant : pour qui sait lire entre les lignes, l’on comprend vite que les exigences et le style Simons ne sont pas compris par l’atelier de création…Les 1ère d’atelier et l’ensemble des équipes préférant à un Raf Simons perçu comme trop distant, son assistant érigé en chouchou.
Observation n°3: Esthète vs Commercial
Raf Simons est de la race des créateurs conceptuels ( à l’image de ses contemporains de l’école belge; Martin Margiela, Helmut Lang, Dries Van Noten, Ann Demeulemesteer… ) et dirigé un bateau amiral tel que Dior n’allait pas sans avaler quelques couleuvres (la scène d’une 1ère d’atelier allant voir une cliente pour des essayages privés au Texas à quelques jours du défilé de haute-couture avec un Raf Simons fou de rage et une dirigeante sommée de s’expliquer est un régal en termes de guerre psychologique à fleurets mouchetés), Dior est une maison particulière, la préférée de mr Arnault qui y a toujours un oeil, celle où pendant longtemps sa fille a fait ses classes, celle où mr Toledano règne sur la mode française depuis 22 ans…une maison qui incarne un peu l’aristocratie de la haute-couture française avec ses codes, et il faut s’y plier: « Adapt or Perish….! »
Raf Simons s’en est allé, et c’est un signe que pour rester un créatif dans ce monde de fou, qui est toujours plus rapide, toujours plus chronophage, il faut savoir se protéger, savoir déconnecter pour mieux se réinventer, le planneur stratégique / créatif que je suis, voit dans l’attitude de mr Simons, une réponse poétique et intelligente à ce mode fou fou fou!