Le groupe Danone par sa filiale indonésienne SGM a un comportement honteux mettant en risque la santé de millions d’enfants en Indonésie. Révélé par Cash Investigation, le scandale m’oblige à agir à mon niveau.
Profitant de quelques jours de vacances en Europe, j’ai rattrapé mon retard d’émissions que je souhaitais regarder, et je suis – comme on dit vulgairement – tombé sur le cul après avoir regardé ce reportage de Cash Investigation (la troisième partie en l’occurence, à partir de 1h30).
Je vous invite, si vous le souhaitez à prendre le temps de regarder ce reportage pour comprendre ce qu’il se passe en Indonésie, autour de la filiale du groupe Danone. Le reportage l’explique très bien. Pour celles et ceux qui n’auraient pas le temps, la situation est rapidement résumée ci-après.
Lait infantile SGM : que se passe-t-il en Indonésie ?
Pour faire simple, la société SGM (SariHusada), filiale du groupe Danone a mis en place un système officieux visant à favoriser l’utilisation de lait infantile (le leur tant qu’à faire) par les jeunes mamans, tout cela organisé par une corruption généralisée ou presque des professionnels de santé « de première ligne » (sages-femmes et infirmières souvent seules et isolées dans les campagnes).
Cette pratique est formellement interdite par le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel, signé par l’Organisation Mondiale de la Santé à Genève en 1981 (oui oui, ça fait plus de 30 ans !) ((document en français : http://www.who.int/nutrition/publications/code_french.pdf )), cela notamment suite à un scandale à l’époque lié par Nestlé (et évoqué dans le reportage).
Pourquoi le lait infantile est mauvais dans les pays en voie de développement ?
Il ne s’agit a priori pas de problème lié à la qualité du lait, fort heureusement, mais vous verrez, cela revient quasiment au même problème.
Le problème est multiple :
- Le lait infantile coûte très cher aux familles (très pauvres) – de l’ordre de 25% des revenus mensuels
- De ce fait, les familles ne peuvent pas acheter les doses nécessaires, et le diluent beaucoup plus que recommandé.
- Les enfants souffrent ainsi très vite de malnutrition dès leur plus jeune âge (où les dégâts sont les plus forts sur la croissance) voire de déshydratation sévère.
- Ajoutez à cela le réseau d’eau potable inexistant ou complètement pollué, le lait infantile trop dilué devient toxique du fait de la non disponibilité d’une eau abordable et de qualité suffisante pour un enfant.
Et ça, Danone et SGM s’en moquent totalement.
Le système est d’autant plus pervers que les sages-femmes sont officiellement ou officieusement sous contrat avec la marque (et donc objectivées) pour se voir rémunérer ou rembourser leurs coûteuses études médicales en échange d’un certain nombre de boites de lait refilées aux jeunes maman. Accessoirement, les cliniques et dispensaires sont gracieusement équipés par SGM/Danone (matériel médical, informatique, etc.), sous ces mêmes conditions.
Et ce que les jeunes parents savent :
- un enfant qui a commencé un lait en général n’en change pas (sauf problème d’allergie par exemple)
- une maman qui a arrêté d’allaiter ne peut pas recommencer.
La boucle est bouclée, des mamans d’une grande pauvreté sont devenues dépendantes de Danone et de son lait infantile, qu’elles ne sont pas capables d’acheter à des doses normales, mettant en risque la santé de leurs enfants.
Et que dit le Groupe Danane des pratiques de sa filiale en Indonésie ?
Comme tous bons journalistes qui se respectent, l’équipe de CashInvestigation a tenté d’obtenir des moyens contradictoires de la part de la direction, de la communication, et même de la part d’Emmanuel Faber – le PDG du Groupe Danone – qui n’ont voulu répondre à aucune question, même après plusieurs semaines de demandes (semaines qui pourraient laisser le temps de contrôler la communication et d’expliquer / nier / corriger / whatever).
Il faut croire que l’appât du gain est plus important pour eux que la santé des enfants qu’ils nourrissent…
Apporter à tous une alimentation de qualité, naturelle, au service de la santé, à toutes les étapes de la vie.
Source : Danone.com
Emmanuel Faber, PDG du Groupe Danone fuit la journaliste de Cash Investigation en refusant de répondre à ses questions
Un boycotte de Danone, cela peut marcher ?
Ca va être difficile : le marché en Indonésie représente 1 milliard d’euros par an pour Danone, cependant il y a des précédents : en 2001 la marque avait été largement boycottée suite à l’annonce de licenciements économiques (voir cet article sur Alternatives Economiques).
Forcément, le groupe n’avait pas apprécié l’organisation du boycotte en ligne, et attaqué les créateurs du site sous le motif de la protection des marques (voir cet article sur 01net).
Ce qui n’empêche pas de relayer des faits, et de réfléchir à comment organiser ce boycotte sans tomber sous le coup de la protection des marques.
Les marques du Groupe Danone à boycotter
A toute fin utile, vous trouverez ci-dessous la liste des marques du groupe Danone que je boycotterai dès à présent ((liste issue de Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Danone#Marques )) :
- Produits laitiers :
- Danone
- Activia
- Actimel
- Danette
- Taillefine
- Danonino
- Gervais
- Danacol
- Densia
- Danio
- Prostokvashino
- Oikos
- Les 2 Vaches
- Dan Active
- Danino …
- Eaux en bouteilles :
- Évian,
- Volvic
- Badoit
- La Salvetat
- Aqua
- Mizone en Chine
- Font Vella (es) en Espagne
- Villa del Sur en Argentine
- Bonafont au Mexique
- Zywiec Zdrój
- Nutrition infantile :
- Blédina
- Laboratoire Gallia
- Milupa
- Malyutka
- Cow&Gate
- Bebelac
- Karikare
- Nutrilon – Aptamil
- SGM
- Dumex