Magazine Entreprise

A la Conquête de l’Espace

Publié le 26 octobre 2015 par Edelit @TransacEDHEC

Espace 3

« L’homme est né sur Terre. Rien ne l’oblige à y mourir. »

Interstellar

L’espace exerce une fascination sempiternelle sur l’Homme. Des Egyptiens aux astronomes en passant par les philosophes grecs, toutes les civilisations ont tourné leurs yeux vers les cieux. Mais si la nôtre s’y intéresse, ce n’est ni par interrogation spirituelle ou souci métaphysique, mais bien par cupidité. L’espace, ce nouvel El Dorado, ne serait-il qu’un marché de plus à acquérir ?

L’El Dorado, technologiquement accessible

   Aujourd’hui, l’espace ne relève plus seulement du fantasme. Et c’est ce qui a mis le feu aux poudres. Désormais, ce front pionnier inexploré est technologiquement accessible ! On a fait plus de découvertes sur l’espace et les moyens de le conquérir en un demi-siècle qu’en trois millénaires. En 1957, le premier satellite est mis en orbite. Puis le premier homme marche sur la Lune douze ans plus tard. Alors les sondes, navettes spatiales et stations orbitales se succèdent. Et maintenant, ça commence à payer. Littéralement.

   L’accessibilité de l’espace a conduit à la multiplication des programmes spatiaux, avec de nouveaux acteurs comme l’Inde ou le Brésil. Aux Etats-Unis comme en Russie, en Chine, en Belgique, au Japon, le budget R&D ne cesse d’augmenter. Dans les cinq prochaines années, celui de la NASA passera de 17.7 milliards de dollars à 22.5 milliards. Plus de dix fois le budget français.

Quid du point de vue populaire ? Globalement, 50% de l’opinion publique des pays développés est favorable à ces dépenses. Un avis très partagé donc.

Espace 2

Opération Séduction

   Mais la balance est en train de pencher en faveur de la conquête spatiale. En effet, c’est par sa médiatisation que l’espace pourrait reconquérir le cœur des populations. D’abord, une succession de films a marqué les esprits : 2001 l’Odyssée de l’espace (1968), Alien (1979), Prometheus (2012), Gravity (2013), Interstellar (2014), bientôt Seul sur Mars (2015). Par la magie du silence, de l’inconnu, de l’aventure, ces films ont su raviver la flamme du petit astronaute que chacun rêva d’être.

   Les récentes découvertes ont aussi donné un bon coup de pouce à l’interêt général. De l’eau liquide sur Mars ? Une « autre Terre » qui pourrait abriter la vie ? Et voilà le retour sur investissement tant espéré. En outre, il y a un aspect géopolitique non-négligeable : être une puissance, c’est maîtriser l’espace. Durant la Guerre Froide, c’était d’ailleurs un terrain d’affrontement entre l’URSS et les USA. Aujourd’hui, la Chine l’a bien compris, et prévoit d’envoyer ses hommes dans l’espace dès 2020.

Un marché au potentiel inouï

   Avant tout, les préjugés doivent disparaître. L’espace est rentable. C’est un fait. La clé de cette rentabilité, c’est qu’1€ investi dans l’espace en rapporte le triple, mais dans d’autres secteurs. L’armée, l’aéronautique, les systèmes de localisation et navigation type GPS, la télécommunication, la météorologie, tous bénéficient des fruits de la recherche spatiale et en génèrent du profit. Les entreprises ont très vite compris l’interêt de ce secteur : 40% des satellites en orbite sont à usage commercial !

   Et les perspectives sont plus qu’encourageantes. D’abord, c’est un marché en pleine expansion. La demande en télécommunication n’a jamais cessé de croître, et continue encore aujourd’hui. Ensuite, avec la prolifération des consortiums privés, les prix tendent vers le bas, d’où une demande de lancements spatiaux en hausse. La NASA elle-même sous-traite certaines opérations à des sociétés telles que SpaceX, 30% moins cher que les agences gouvernementales.

   Mais ce qui rend le marché de l’espace extrêmement attrayant, ce sont les activités commerciales qui commencent à apparaître. En premier lieu, le tourisme spatial. Virgin Galactic a déjà vendu 600 billets pour la modique somme de 250.000$ pièce. L’américain Xcor propose encore moins cher pour 30mins dans l’espace, une sorte d’attraction 3.0. Le complexe hôtelier intergalactique ne devrait plus tarder…

   L’autre atout de ce marché, ce sont ses ressources. Réserve vierge et infinie, l’espace abrite une quantité inépuisable de métaux rares et précieux. Selon le docteur Peter Diamandis, ce qui fait du cosmos le nouvel El Dorado, c’est qu’ « un grand nombre de ces métaux et minéraux rares sur notre planète se trouvent en quantités quasi illimitées dans l’espace. » A titre d’information, un astéroïde lambda contient plus de platine que l’on en a extrait sur Terre durant toute notre histoire. Avec un prix de l’once à 1500$. Alors, rentable ?

Espace 1

Les dangers de la privatisation

   Elon Musk, Robert Bigelow, Richard Branson ou encore Jeff Bezos. Tous sont des PDG riches, accomplis et reconnus. Mais leur autre point commun, c’est qu’ils se rêvent en visionnaires de l’espace. Investissant dans le tourisme spatial, dans des hôtels galactiques ou dans le lancement de fusées, ils pratiquent le hard discount pour maximiser leur profit. Mais l’espace et le low-cost sont loin d’être compatibles. Si les agences gouvernementales coûtent aussi chères, c’est qu’elles font primer la sécurité sur le profit. Contrairement à d’autres.

   En octobre 2014,  c’est un vaisseau-test de Virgin Galactic qui s’est crashé, tuant son pilote. La réponse de Richard Branson ? « L’espace est difficile, mais en vaut la peine. » Reste à savoir ce qu’il en aurait été si les touristes à venir avaient été à bord. Trois jours plus tôt, c’était la fusée privée Antares de la société Orbital Sciences qui connaissait le même sort, explosant au décollage. Le low-cost, certes, mais à quel prix ?

   S’il y a bien une leçon à retenir de cette percée du secteur privé dans le marché de l’espace, c’est que les Hommes n’ont aucune mémoire. La tête toujours tournée vers les cieux, ils ne rêvent que de les rejoindre. Si Icare avait anticipé les désirs des businessmen d’aujourd’hui, ces derniers ne devraient oublier que le malheureux s’y était brûlé les ailes.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Edelit 18215 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte