La promesse de Kabbage est simple et attractive : obtenir un prêt en ligne, à taux raisonnable, en quelques minutes, sans complications administratives. Le secret de son approche réside dans son modèle de « scoring ». Le demandeur va en effet ouvrir un accès à ses comptes, à partir duquel les algorithmes de la jeune pousse vont instantanément – et en toute sécurité – déterminer sa capacité d'emprunt (jusqu'à 100 000 dollars sur 6 mois, pour les professionnels) et les conditions proposées.
Dans le fond, le concept de Kabbage est trivial. En effet, comment mieux connaître la situation financière d'une entreprise qu'en analysant sa comptabilité (à travers les outils de Sage, Xero, Intuit QuickBooks…), ses comptes bancaires, ses processeurs de paiement (Square, PayPal…) ou l'état de son activité sur les plates-formes de e-commerce (eBay, Amazon…) ? Même chose – ou presque – du côté des particuliers (sur le site dédié Karrot), pour lesquels un aperçu des finances personnelles auprès de leur banque suffira à vérifier le niveau de revenus, en complément du score de crédit…
Pourtant, en dépit de son évidence, aucune banque n'a – jusqu'à maintenant – décliné cette idée, dont la mise en œuvre n'est probablement pas aussi simple qu'il y paraît (notamment en termes de modèle mathématique d'évaluation de risques). Trois d'entre elles – Scotiabank, Santander et ING – reconnaissent cependant sa valeur indiscutable, complémentaire de leurs propres activités de crédit, et prennent part [PDF] à un tour de financement de 135 millions de dollars, valorisant la société à 1 milliard.
L'opération est, en soi, relativement exceptionnelle, car rares sont les exemples d'investissements conjoints de plusieurs institutions financières (potentiellement concurrentes) dans une même startup. Mais, loin de se limiter à une transaction purement financière, elle prend encore plus de sens lorsque, quelques jours après son annonce, ING confirme son intention de collaborer activement avec Kabbage pour déployer sa solution en Espagne (patrie de Santander !), initialement dans une expérience pilote.
La démarche de la néerlandaise devrait inspirer ses concurrentes : admettre que les acteurs de la FinTech sont en avance dans l'ouverture de nouveaux marchés et s'associer avec eux est aussi un moyen efficace d'innover, au bénéfice direct des clients – ce qui est, naturellement, le plus important. Et il ne peut s'agir uniquement d'investir dans des entreprises émergentes, il faut également participer concrètement à leur développement et commencer à intégrer leurs services au cœur d'une expérience modernisée.