« Je suis peut-être trop intellectuelle, mais je ne suis pas capable de savoir comment est Dieu. Je ne peux pas me le représenter et je ne le veux pas. Mais je sais qu’il y a un Absolu qui est au-delà de tout ce qu’on peut savoir ou imaginer. Quand vous voyez qu’un spermatozoïde peut devenir Mozart ou Einstein, vous ne pouvez pas ne pas penser qu’il y a une intelligence derrière tout cela. Il y a donc un Absolu, mais Il se révèle ou ne Se révèle pas.
S’il ne Se révèle pas, vous avez une religion de type bouddhiste dans laquelle, à force de purifications successives, vous grimpez les échelons d’une échelle en haut de laquelle vous pouvez commencer à avoir une petite idée.
Quand le Bouddha répondait à ses disciples l’interrogeant sur l’immortalité de l’âme, il le faisait comme un papa à qui son petit garçon de six ans demanderait ce qu’est la relativité d’Einstein : « Nous en reparlerons quand tu auras fait math. Sup. ». Tout comme ce papa, le Bouddha répondait en substance à ses disciples : « Nous en reparlerons quand vous aurez atteint un niveau de conscience suffisant ».
A l’inverse, les trois religions abrahamiques s’accordent pour dire que Dieu Se révèle à l’homme. Cette révélation nous apprend qu’Il est miséricorde. Mais Il ne peut pas Se révéler d’une façon fondamentalement différente à des Chinois, des Indiens ou des Arabes. Il est nécessairement le même pour tous. Le message fondamental est le même, et c’est lui qui est l’Essentiel. Tout le reste n’est que réflexion sur une donnée révélée qu’on peut interprêter de différentes façons. »
Islam, l’autre visage, Eva de Vitray-Meyerovitch (Albin Michel, P.109)