Allez, dans la droite lignée de notre article en début de semaine sur l'excellent nouveau volet du chat geluckien, on la finit( la semaine) une petite revue spéciale BD avec troispublications qui ont retenu notre attention au cours des dernières semaines, une BD publiée dans le cadre d'un grand festival , la sortie du trentième tome d'une BD culte créée par Goscinny, Iznogoud, ainsi que plus surpenant une BD consacrée à un personnage phare de la Vème République, j'ai nommé François Mitterrand :
1. Bédéphile, la revue annuelle de la bande dessinée
Non, Mickey n’a pas toujours été le symbole de l’Amérique, du capitalisme et du loisir de masse formaté. Mickey c’est surtout et avant tout un petit personnage délicieux, joyeux et malicieux qui a amusé et fait rêver des générations d’enfants dans le monde entier. Depuis son apparition dans le court-métrage « Steamboat Willie » en 1929 il a traversé le siècle en agrandissant sa famille.
La revue bédéphile a la très bonne idée de publier un gros dossier : « Mickey la naissance d’un mythe » et d’inviter toute une pléiade de dessinateurs qui nous parlent de leur Mickey. Cosey, Régis Loisel, Lewis Trondheim, Yoan, Kéramidas se réapproprient le souriceau avec un formidable talent, mais le Mickey de Tébo (Captain Biceps, Sanson et Néon) est une réussite, son trait d’une irrésistible drôlerie à tout pour enchanter les gamins du XXIe siècle. Son Patibulaire tout en rondeur n’a vraiment pas l’air si tibulaire que ça. Trente-six auteurs suisses, peintre et plasticiens réinterprètent le mythe avec talent, chacun de ses auteurs font ressurgir la petite souris de leur enfance. Je me souviens de Mickey……….
Plongée historique, étude approfondie, le catalogue du festival international de bandes-dessinée de Lausanne est une mine d’informations pour tous les amateurs de bédé et de notre cher Walt Disney, ce formidable créateur. Hé oui Disney a été un artiste avant d’être un homme d’affaire. Si en plus je vous dis que l’invité d’honneur de la revue est Bluch, auteur d’une trentaine d’albums remarqués, lauréat de l’Alph-art humour 2000 puis du grand prix Angoulême 2009, vous n’aurez vraiment plus aucune excuse…..
chronique de Michel D
2. Iznogoud, de père en fils
Avec 10 millions d’albums vendus par le monde (la série est traduite en 15 langues) depuis sa création, en 1962,Iznogoud est sans doute l’un des personnages les plus célèbres et appréciés de la bande dessinée francophone. Né de la plume du grand René Goscinny (également « papa » d’Astérix, du Petit Nicolas et scénariste de Luky Luke), l'ignoble vizir connu dans le monde entier our sa fameuse phrase passée dans le langage courant" je veux être calife à la place du calife" revient pour un trentième tome qui était très attendu par les fans!!Jean Tabary, dessinateur historique de la série a hélas disparu en 2011, c'est donc son fils Nicolas Tabary qui en a repris le dessin. C'est la seconde fois,que Tabary Jr reprend les crayons pour mettre en images ce nouveau scénario signé par Laurent Vassilian.
Pour le plus grand plaisir sadique des lecteurs, Iznogoud revient avec de nouveaux stratagèmes... tous voués à l'échec, mais l'essentiel est que son désir est immuable : il veut toujours être calife à la place du calife !!
Vil, bas, mesquin, méchant, bête et brutal, et plus déterminé que jamais, Iznogoud va cette fois se retrouver confronté à son paternel pour une suite d'aventures dans la lignée des rares que j'avais pu lire de la série, ponctué de situations assez racombolesque, voire totalement surréaliste- on va notamment voyager dans le temps- ponctué de quiproquos assez foux et réjouissants.
Coté dessins, Nicolas Tabary este dans la belle lignée de son père, avec un trait sans doute un poil plus moderne et dynamique.
Bref, un retour dans l'ensemble vraiment réussi!!
3. Mitterrand, une jeunesse de droite
Légerement moins attendu que Mickey ou Iznogoud lorsqu'on parle BD, François Mitterrand (étonnant non?) est pourtant un des personnages d'une autre BD évènement de cette rentrée, grâce à l'excellente maison d'édition Rue de Sèvres qui ne cesse de nous surprendre.
Mitterrand, Un Jeune Homme de Droite, écrit par le scénariste Belge Philippe Richelle et illustré par le dessinateur Frédéric Rébéna s'attache ainsi à nous narrer dans ce qui ressemble plus à un roman graphique qu'une BD traditionnelle l'enfance ambigue et passionnante d'un de nos plus brillants et plus fascinants présidents de la Vème république.
Grâce à un regard plus nuancé et distancié (Philippe Richelle est belge, ceci explique sans doute cela) que les portraits à charge que l'on a pu voir à la mort de Mitterrand, cet ouvrage revient de façon assez subtile sur le parcours insaisissable d'un homme qui a conservé des zones d'ombre tout au long de sa vie.
Un temps fonctionnaire dans une administration collaborationniste et antisémite, cette BD nous montre ainsi comment Mitterrand va glisser en 1942 vers la résistance et la clandestinité
A la fois très riche historiquement parlant, et également très littéraire dans son approche, cet "Mitterrand, un Jeune Homme de Droite"- on appréciera l'ironie de son titre un tantinet provoc- possède une belle densité romanesque, sans pour autant négliger l'aspect visuel, les illustrations de Frédéric Rebena, sans doute un poil classique, conservent néanmoins une belle dimension réaliste et élégiaque, qui permet de rendre passionnant cette enquête- qui appelle visiblement plusieurs autres tomes- sur ce mythe de la politique française.