Insupportable Etat papa 2, le retour

Publié le 09 juin 2008 par Careagit
Chers amis lecteurs, ne vivons pas dans un monde cruel ? Un monde dans lequel la plus grande et riche entreprise française ose faire du profit en commercialisant ses produits ?
Profitez, profitons, nous assistons en ce moment à la plus grande mascarade politique de notre temps. Une sorte de connerie géante et tentaculaire qui bouffe tout ce qui bouge. Ce week-end, ils sont nombreux à avoir proposé de taxer les profits du géant pétrolier Total. Delanoë, Royal (venant d'elle c'est vrai que c'est moins étonnant), Bussereau l'actuel secrétaire d'Etat aux Transports et plus indirectement Eric Woerth... réclament directement ou à mots couverts le recours aux bénéfices du pétrolier français pour financer l'effective crise énergétique.
Nos têtes pensantes ont donc trouvé le remède à l'irrémédiable inflation pétrolière. Nous aurions pu imaginer une négociation européenne ou plus globalement occidentale concluant sur des pressions sur les pays producteurs pour accroître les cadences de production, en lieu et place de cela, la France décide de taxer ses propres entreprises, affreusement présumées coupable au yeux de l'opinion - et donc jugées coupables d'office - de "se goinfrer" selon les termes de Bertrand Delanoë sur le dos des consommateurs. Suite à ces propos, le néant, un silence assourdissant. Qui ne dit mots consent... La France, pays démocratique dont le système économique se dit "capitaliste" envisage sérieusement de financer la hausse du prix du carburant sur les profits de ceux qui en vivent, ceux là même qui payent déjà taxes, charges et autres formes d'impôts sur les bénéfices...
Un week-end, bientôt 3 ou 4 jours de débats, et personne, pas la moindre voix pour crier au scandale et rappeler à ces opportunistes de tous bords (gauche et droite confondus) que l'Etat "se goinfre" au moins autant - si ce n'est plus - que ces enfoirés de Total, que sur un litre d'essence à 1.28€, 0,82€ partent directement dans la poche de l'Etat* sous forme de TIPP ou de TVA (source UFIP). Je suis pour ma part révolté, furieux de regarder ce pays si peu attentif a la frontière public/privé, pas le moins du monde dérangé par l'idée qu'un Etat vienne se servir impunément dans les entreprises, scandalisé par la danse ultra-démago de nos dirigeants qui n'offrent comme issue de secours que la taxation récurente. Nous sourions bêtement, bercé par la furieuse utopie que les profits d'une firme privée soulagerons durablement les prix. Qui usera de son temps de parole pour demander où sont les surplus de taxes engrangés par l'Etat ?
La hausse des cours du pétrole ne fait que commencer. Elle est principalement la conséquence de mutations structurelles de la demande mondiale. A moins que ces changements ne se résolvent, les prix resteront à un niveaux au moins aussi élevé qu'aujourd'hui tandis que le niveau du plafond reste lui, l'objet de biens de débats entre analystes. D'ores et déjà, les spécialistes parlent d'un baril proche des 200$ au cours de l'année prochaine. Qui pour penser que Total financera à lui seul la fin de la période pétrole ? L'Etat devrait à l'inverse, entamer une réelle réflexion avec le géant pétrolier en lui proposant de réelles pistes d'investissement (encouragées fiscalement ?) de sorte que la puissance financière du groupe Total joue à plein dans la transition énergétique que nous connaitrons tôt ou tard. Certains y pensent déjà, nous sommes à la ramasse encore une fois.
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* Un rapide calcul établit un taux de taxes de 64% et un prix du litre de 1,28€. En incluant une potentielle croissance de marge de Total (ne soyons pas candide dans l'autre sens non plus) ramenons la part de taxes de 64% à 60%. Sur un litre d'essence de 1,55€, l'Etat engloutit donc 0,93€ soit une progression de près de 14%. Une croissance nette à deux chiffres comme les actionnaires en affectionnent tant.