Discrimination et société: c’est quand le bonheur? - ACT’sense n°8

Publié le 09 juin 2008 par Anne-Sophie

Voilà un sujet qu’il n’est pas commun d’aborder ici… mais qui pourtant a son importance pour une société durable, en ces temps d’annulation de mariage selon des critères quelque peu… surprenants dirons nous… En ces temps où l’on a peur qu’un candidat noir aux élections présidentielles américaines soit assassiné… En ces temps où l’afflux de réfugiés climatiques ne va pas aller en s’amenuisant… et où les questions d’immigration, si elles sont mal anticipées, risquent de provoquer de nombreux débordements…

Campagne Discrimination Hurts, 2007 - Via ACT Responsible

Intitulée “Discrimination Hurts”, cette campagne pour le Danish Institute for Human Rights a été lancée en décembre 2007 sur la télévision danoise ainsi que sur de nombreux autres supports, notamment dans 1000 écoles publiques du pays. Les objectifs de cette campagne sont de prévenir la discrimination des individus selon des critères d’origine éthnique, de religion ou de croyances, d’handicap, d’âge ou d’orientation sexuelle.

L’idée était d’utiliser la violence comme une métaphore afin d’incarner la manière dont la discrimination peut blesser… Visualiser la violence physique permet aussi, alors que nous sommes supposer agir contre la violence, ce qu’il est possible de faire pour lutter contre les discriminations…

Enfin, j’entendais parler ce week end d’une étude parue en 2001 (dans “science in action”, émission de la BBC) prouvant que le sentiment d’appartenance influence considérablement la manifestation de l’altruisme. En effet, l’expérience menée dans un parc britanique (celui de l’université de Manchester) était la suivante: un homme gîsait sur la pelouse du parc, au bord d’un chemin fréquenté. Seul un petit nombre de passants (15%) se sont arrêtés pour voir s’il avait besoin d’aide. L’expérience menée par le même cobaye allongé sur la pelouse mais portant cette fois-ci un maillot du club de foot de Liverpool (club rival de celui de Manchester mais de nombreux étudiants viennent de Liverpool pour étudier à Manchester) a été telle que 85% des passants, supporters de cette équipe, se sont approchés pour voir si leur copain avait besoin d’un coup de main… L’homme est ainsi fait qu’il va plus facilement soutenir et aider quelqu’un avec qui il a quelque chose en commun plutôt qu’un inconnu avec lequel il n’a aucun lien particulier…

Certains pensent aussi, comme Hobbes, que l’homme est naturellement égoïste… Ainsi, alors qu’on l’interrogeait pendant qu’il faisait l’aumône à un mendiant il répondit, paraît-il, qu’il n’avait pas agi par altruisme, mais pour soulager son malaise à la vue de cet indigent… Sans tomber dans les notions de pêché originel et de culpabilité, ces deux petits exemples font réfléchir un peu il me semble…:-) Car l’homme n’est pas naturellement égoïste… Etre altruiste et ouvert aux autres ouvre assurement de nouvelles perspectives. Il y aurait en moyenne 15% de “vrais altruistes” dans les populations occidentales, des personnes pour lesquelles ce trait de tempéramment serait durable*.

Plus largement, réfléchir au comportements que l’on peut avoir en société et à l’attitude que l’on peut avoir envers les autres permet de réaliser, bien souvent, que les malheureux le sont pour avoir chercher leur propre bonheur, alors que tous ceux qui sont heureux le sont pour avoir cherché le bonheur des autres… Si, si, regardez autour de vous!:-)

Pour certains une telle vision des choses sera très “fleur bleue” et “culcul la praline”… peut être… mais qu’ils réfléchissent un peu à ce que permet d’accomplir l’esprit d’éthique sous-jacent à une telle grille de lecture:-) Adopter une optique de société durable implique, il me semble, de se poser aussi ce genre de questions… vous ne trouvez pas?

*Batson, C. D., Ahmad, N., Lishner, D. A., & Tsang, J. (2002). Empathy and altruism. In C. R. Snyder & S. L. Lopez (Eds.), Handbook of positive psychology (pp. 485-498). New York: Oxford University Press.

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