[Critique] PARANORMAL ACTIVITY 5 : GHOST DIMENSION

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Paranormal Activity : The Ghost Dimension

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Gregory Plotkin
Distribution : Chris J. Murray, Brittany Shaw, Olivia Taylor Dudley, Dan Gill, Ivy George…
Genre : Épouvante/Fantastique/Suite/Saga
Date de sortie : 21 octobre 2015

Le Pitch :
Ryan, Emily et Leila, leur petite fille, emménagent dans une luxueuse maison. Peu de temps après, Ryan découvre un carton contenant une vieille caméra et un lot de cassettes vidéo. Rapidement, il s’aperçoit que l’appareil lui permet d’entrevoir des phénomènes plutôt inquiétants, invisibles à l’œil nu. Au début amusé, le père de famille l’est beaucoup moins quand l’entité présente dans sa maison semble en vouloir à son enfant…

La Critique :
Ça y est ! Paranormal Activity, c’est fini ! Six ans après la sortie du premier volet, le cinquième épisode clôt définitivement la saga. Enfin on l’espère, vu qu’à Hollywood, tout est possible, y compris le pire.
Cinq films, un spin-off (The Marked Ones, en priorité destiné au marché latino, mais lié à la saga) et un truc un peu détaché du lot absolument pas officiel (Paranormal Activity : Tokyo Night), ont été nécessaires pour raconter une histoire qui, soyons honnêtes, aurait tenu dans un épisode des Contes de la Crypte (soir une quarantaine de minutes). En prétextant nous offrir une histoire complexe de fantômes, de sorcières et de dimensions parallèles, Oren Peli et ses petits copains opportunistes ont en fait tiré un maximum sur la corde, en multipliant les jump-scares bidons et les longs plans contemplatifs en vision nocturne, sans que rien ne se passe de notable à l’écran, si ce n’est une chaise qui se balance ou une porte qui se ferme.
Peut-être conscients du caractère vain de toute leur entreprise, les producteurs (emmenés par Jason Blum, le nouveau patron de l’horreur pas chère aux États-Unis), ont lié les épisodes entre eux, mais pas trop non plus, histoire de ne pas paumer les spectateurs d’un film à l’autre. On voit mal en effet qui aurait assez de temps à perdre pour se refaire tous les longs-métrages avant d’aller voir le nouveau. Une démarche ultra bancale en laquelle ils semblent être les seuls à croire vraiment.
Prenons par exemple le quatrième volet. Un film qui ne sert à rien, scénaristiquement parlant, si on fait exception des dernières minutes, vu qu’on ne retrouve ni la jeune héroïne dans le cinquième, ni aucun des personnages. En bref, n’ayez pas peur d’être paumé, ils ont tout prévu pour que ce ne soit pas le cas. Et si jamais vous êtes un fan hardcore de tous les Paranormal Activity, et bien peut-être y verrez-vous des trucs qui nous ont totalement échappé.

Cela dit, qu’en est-il de ce dénouement annoncé comme épique ? Et bien force est de reconnaître qu’il s’agit peut-être du meilleur du lot. Une fois n’est pas coutume, les producteurs et le réalisateur ont à peu près tenu leurs engagements car au moins, dans celui-là, contrairement à tous les autres, il se passe des trucs (au passage, l’accroche de l’affiche « pour la première fois, vous allez voir les phénomènes » est à elle seule un constat d’échec concernant tous les volets précédents). Pas besoin de patienter des plombes en voyant des types vivre simplement, sans qu’aucun truc vaguement effrayant ne vienne perturber leur quotidien, car Paranormal Activity : Ghost Dimension égraine les phénomènes tout au long de la durée du long-métrage. Toby, le fantôme qui cherche à enlever la gamine, se manifeste souvent et parfois, ô surprise, ça fonctionne à peu près bien. Bien sûr, pas la peine de s’attendre à flipper comme des malades, mais quand même. Le film a au moins le mérite de montrer ce que le poltergeist a dans le ventre, notamment grâce à un surplus d’effets-spéciaux, justifié par l’apport de la 3D.
Et oui, Ghost Dimension est le premier Paranormal Activity en 3D. Au début, ce n’est pas évident, et on croit même que les gars se sont trompés car rien n’est en 3 dimensions. Ce n’est que lorsque le père de famille trouve la vieille caméra et filme avec, que les lunettes spéciales trouvent leur utilité. Une 3D par alternance donc, toujours assez vaine, mais étrangement bénéfique à l’ambiance que le long-métrage s’efforce mollement d’installer.

Gros hit du box-office, Paranormal Activity a tout gardé pour la fin. On trouve même ici ou là une ou deux idées sympas. Les acteurs font le boulot avec le maigre scénario à leur disposition et la superbe Olivia Taylor Dudley tient à elle seule en haleine grâce à son puissant et éloquent décolleté, qui faisait déjà des merveilles dans Chroniques de Tchernobyl, un autre found footage anecdotique. Jason Blum le sait, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre et cette fois-ci, il a mis les bouchées doubles. Ghost Dimension remue beaucoup de vent. Parfois ça marche, parfois non, mais, encore une fois, au moins, ça bouge.
Sorte de remake gentiment à la ramasse de Poltergeist, ramassis un peu difforme de pleins d’influences digérées à l’arrache, ce cinquième épisode (six avec le spin-off), donne tout ce qu’il a. Les ficelles sont grosses comme des cordes d’amarrage et l’histoire bien tirée par les cheveux, mais on va dire, parce qu’on est gentil, qu’au final, le bordel tient à peu près debout. Disons simplement que les amateurs y trouveront largement leur compte et que les autres, peut-être attirés par accident dans la salle, ne changeront pas d’avis vis à vis de la saga et s’empresseront de glisser un DVD de L’Exorciste dans leur lecteur une fois rentrés à la maison, pour faire passer le goût. Dans tous les cas, Paranormal Activity a tiré le rideau en livrant ses réponses. À vous de voir si elles sont convaincantes. De notre côté, on dit au revoir à la franchise, sans regret, et on se dit que, tout compte fait, celle-ci ne pouvait pas se terminer d’une meilleure façon qu’avec ce dernier film. Un film pas franchement réussi au vue de ce qui se fait ailleurs, mais largement plus digne que tous ceux qui l’ont précédé. C’est déjà ça…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Paramount Pictures France