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Les brebis s’en vont dans la neige
Flocons de laine et ceux d’argent
Des soldats passent et que n’ai-je
Un cœur à moi ce cœur changeant
Changeant et puis encor que sais-je
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Crépus comme mer qui moutonne
Sais-je où s’en iront tes cheveux
Et tes mains feuilles de l’automne
Que jonchent aussi nos aveux
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Inspiré du poème "Marie " d'Apollinaire, Alcools, 1913 le titre du nouveau roman d'Agnès Desarthe évoque également le conte flaubertien Un coeur simple (1877) .
Il épouse dans tous les cas le destin de Rose Maisonneuve. Un destin plombé d'une ascendance maternelle et danoise singulière: une grand-mère épaisse, Mama Trude, au physique monstrueux, témoin mort-vivant du décès de quatre de ses enfants, une mère énigmatique et méprisante, Kristina ; quant à René Maisonneuve...il est quelque peu dépassé par les événements
"Ainsi poussent les arbres généalogiques, par à-coups, par coups du sort"
Débarquée à Paris en 1900 - elle a 20 ans et le désir de s'émanciper- Rose devient d'emblée la bonne, puis le jouet de femmes aux moeurs glauques et intentions ... tranchées. Une vie de misère s'installe qui entame sa santé et la rupture avec le milieu protégé de son enfance, sous la tutelle bienveillante de sa gouvernante, Zelada. Elle devra son salut à l'avènement de la maternité.
Porté par une écriture maîtrisée ,un souffle romanesque imparable, le roman se fait témoin de trois décennies chahutées - de 1900 à 1931 - et d'existences débridées.
Un témoin lumineux.
Apolline Elter
Ce coeur changeant, Agnès Desarthe, roman, Ed. de l'Olivier, août 2015, 338 pp