Consommer de manière responsable est-il utopiste à l’ère de la mondialisation ? C’est à cette question périlleuse et, avouons-le, culpabilisante, que s’attaque le géographe Éric Lambin dans son dernier ouvrage : un sujet d’autant plus préoccupant à quelques semaines de la COP21. Accusée d’accélérer les changements environnementaux et d’augmenter les inégalités sociales, la globalisation a mauvaise presse. Et pourtant, chacun en bénéficie à son échelle de manière quotidienne, ne serait-ce qu’en accédant tous les jours aux produits venus des quatre coins du globe. D’où l’affirmation d’une thèse résolument optimiste, que l’auteur n’essaye pas de pousser jusqu’à la naïveté pour autant.
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« Par ses décisions, chaque consommateur a désormais la possibilité d’influencer, pour le meilleur ou pour le pire, les conditions sociales et environnementales de régions éloignées de la planète. En quelque sorte, nous accédons tous au pouvoir des empereurs de jadis, qui régnaient sur de vastes contrées très diversifiées. À la différence que ce pouvoir est aujourd’hui partagé par quelques milliards de consommateurs – la classe moyenne mondiale – au lieu d’être concentré dans les mains d’un unique potentat. » Si le « pouvoir » en question appartient d’autant plus aux multinationales qui produisent les biens consommés, Éric Lambin démontre qu’un autre plan de route reste néanmoins possible, sans estomper les vices et les vertus de la mondialisation telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Il se pourrait même, d’après lui, que « cette évolution contribue à un monde plus durable, et il serait coupable de ne pas saisir cette occasion avec détermination. » À chacun de cultiver cet optimisme de raison.