Il faut en effet avouer que le sujet de cet album est plutôt casse-gueule car le récit aborde la relation charnelle entre un frère et une sœur. Si le sujet dérange inévitablement, les deux auteurs qui ont déjà collaboré sur « Le beau voyage » abordent cette relation incestueuse avec grande justesse, sans aucune forme de jugement ou de voyeurisme. En suivant le quotidien des personnages et en dévoilant progressivement leur secret, Zidrou montre les émotions et les tensions qui rapprochent et déchirent les deux amants interdits. Il y a d’une part le frère, qui se raccroche à cet amour et qui refuse de vendre la maison familiale afin de préserver les nombreux souvenirs qui y sont liés. D’autre part, il y a la sœur, qui tente de résister aux sentiments et de mettre fin à cette relation afin de vivre pleinement sa vie de famille, avec son mari et ses enfants. Son envie de rompre avec le passé la pousse également à vouloir vendre la maison qu’ils ont hérité à la mort de leur père et que son frère refuse de vendre. Pourtant, un jour, il faudra que l’indivision ait lieu…
Si le récit est pour le moins troublant et particulièrement sensible, il est néanmoins abordé avec retenue et grande justesse. Multipliant les non-dits lourds de sens, l’album restitue avec brio l’atmosphère assez lourde qui accompagne cette relation complexe. À ce titre, le dessin de Benoit Springer (Les Funérailles de Luce) et la colorisation de Séverine Lambour confèrent beaucoup d’authenticité à l’ensemble.
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