Les chercheurs de l’Université de Pennsylvanie révèlent ainsi que gérer ce déséquilibre du microbiote intestinal de l’enfant atteint de la maladie de Crohn est bien plus complexe que prévu. Les stratégies thérapeutiques dans la maladie de Crohn comprennent toute une gamme de régimes alimentaires, de médicaments immunosuppresseurs et antibiotiques. Cependant, ces traitements ont tous un effet dysbiotique sur le microbiote intestinal.
La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique intestinale (MICI) qui touche environ 4 à 5 personnes sur 100.000 chaque année. Ses symptômes sont handicapants pour tous les patients (diarrhée, fatigue, perte de poids…) mais son apparition précoce chez les enfants peut causer des problèmes sévères supplémentaires comme un retard de croissance et/ou de puberté. Il existe donc un vrai besoin de nouveaux traitements qui ciblent les » bons » microbes de l’intestin et prennent aussi en compte la réponse du microbiote. On sait que les médicaments immunosuppresseurs peuvent entraîner des effets secondaires graves, que les antibiotiques ou l’alimentation vont modifier la composition du microbiote intestinal. Ainsi, cette dysbiose constatée dans la maladie de Crohn a de nombreuses causes, dont les traitements mêmes.
Chaque traitement a son effet sur le microbiote : Les chercheurs ont effectué par séquençage génomique l’analyse d’échantillons fécaux de 90 enfants atteints de la maladie de Crohn et de 26 enfants en bonne santé, ont suivi les changements microbiens durant 8 semaines, ainsi que les symptômes et l’évolution de l’inflammation chez les enfants atteints. Les participants atteints par la maladie de Crohn suivaient tous un régime alimentaire ou un traitement immunosuppresseur. Le suivi des communautés microbiennes montre que, chaque traitement a un effet distinct sur la communauté microbienne intestinale :
· les antibiotiques suppriment la croissance bactérienne, mais facilitent la croissance des champignons,
· certains régimes alimentaires parviennent à réduire les symptômes et à diminuer l’inflammation, mais sans corriger la dysbiose intestinale : ce qui suggère qu’il n’est pas forcément nécessaire d’atteindre un » microbiome santé » pour apporter un effet bénéfique.
· les immunosuppresseurs réduisent l’inflammation et la dysbiose microbienne mais la dysbiose fongique persiste.
La dysbiose est pratiquement une constante de la maladie de Crohn, confirme l’étude, notamment par réaction, variable, des microbes intestinaux aux différents traitements. Au vu de ces résultats d’efficacité partielle, il est urgent de trouver de nouvelles approches thérapeutiques et des biomarqueurs permettant de choisir le bon traitement ou la bonne combinaison de traitements pour chaque patient.
Les nouvelles connaissances sur les mécanismes de dysbiose et leurs interactions avec les traitements doivent désormais, concluent les auteurs, être prises en compte dans la gestion des symptômes de la maladie de Crohn.
Source: Cell Host & Microbe 14 Oct, 2015 DOI: 10.1016/j.chom.2015.09.008 Inflammation, Antibiotics, and Diet as Environmental Stressors of the Gut Microbiome in Pediatric Crohn’s Disease
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