L’amitié comme ange gardien

Par Carmenrob

Il s’est vendu à près de 2 millions d’exemplaires et pourtant, je n’ai aucun extrait à citer. Aucune phrase sur laquelle je me serais arrêtée, impressionnée. Qu’est-ce qui fait donc courir les lecteurs chez le libraire pour se procurer ce bouquin?

Ce phénomène, Les quatre Grâces, est l’œuvre d’une auteure américaine, Patricia Gaffney, laquelle compte une vingtaine de publications à son actif.

Quatre femmes, amies depuis une dizaine d’années, se racontent à tour de rôle. Des expériences douloureuses, comme il y en a autour de nous : cancer du sein pour l’une, dépendance affective pour l’autre, amour impossible pour la troisième et désir d’enfant inassouvi pour la dernière. Mais c’est aussi et surtout l’amitié qui se tisse au jour le jour à travers les liens particuliers qui les unissent, leur proximité et ce qui lui fait parfois obstacle, leur soutien indéfectible dans les coups durs. Cette amitié est si importante qu’elle constitue comme une sorte de cinquième personnage, un genre d’ange gardien qui veillerait sur elles.

Sans être d’une grande originalité, ce récit choral n’est pourtant pas sans charme. On se pique au jeu de découvrir comment chacune composera avec les épreuves de la vie qui les confrontent simultanément à l’étape charnière de la quarantaine. Mon intérêt a également été soutenu par ma propre expérience, puisque je fais partie d’un quatuor, les Dames de cœur, dont l’histoire remonte maintenant à plus de 30 ans.

Il m’a tout de même fallu un moment pour me sentir accrochée par cette œuvre. Tout au long de ma lecture, j’ai dû vérifier, en début de chapitre, l’identité de la Grâce qui me faisait son récit, et encore les démêler, même après avoir repéré le nom de la narratrice. Cette difficulté m’a poursuivie jusqu’à la fin alors qu’un effort m’était encore nécessaire pour me souvenir des principales caractéristiques de chacune. Quant au style, son contraste avec ma plus récente lecture, celle de Monique Proulx, était si prononcé, qu’il a aussi constitué un frein à mon enthousiasme. Une écriture efficace, mais sans surprises.

En définitive, Les quatre Grâces m’ont offert un bon moment de lecture, agréable sans être exigeant, tant sur le plan du contenu que du style, et qui, tout compte fait, a peu de chances de marquer ma mémoire à long terme. C’est peut-être ça le secret de sa fortune littéraire?

Patricia Gaffney, Les quatre Grâces, Guy Saint-Jean, Laval, 2013, 470 pages