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Sempé, Geluck ont eu leur exposition. Chaval, alias Yvan Le Louarn , n'avait pas eu les honneurs depuis 1976. Le dessinateur semblait manquer aux bordelais qui s'étaient pressés en masse dans la salle des Essais, Musée des Beaux-Arts la semaine dernière pour l'inauguration de l'exposition "Chaval, humour libre". Car l'air de rien, l'artiste a influencé bon nombre de jeunes bédéistes. "Comme il avait pris pas mal de distance avec l'histoire et la politique, ces croquis restent intemporels", constate Thierry Saumier, co-commissaire de l'exposition. Elle retrace sa carrière en 120 dessins classés en thématiques distinctes : Père-Noel, femmes, médecins, gendarmes... toujours accompagnés de légendes simplistes. "Il a utilisé la dérision pour combattre une société qu'il n'aimait guère". Même dans sa mort, le caricaturiste a opté pour l'humour noir. En plus de s'être empoisonné, il a inscrit sur la porte d'entrée "risque d'explosion" après avoir ouvert le gaz. Mais l'omniprésence d'oiseaux et de becs frappe également chez Chaval. "A la fin de sa vie, il donnait des traits humains aux animaux. Ses traits, plus gras, hachés et nerveux témoignaient d'une dégradation de son état psychique", justifie encore Thierry Saumier. Tombé dans l'oubli après mai 68, l'homme esquissait d'abord ses personnages au crayon à papier avant de les attaquer à l'encre de Chine. Connu dans le monde grâce à ses contributions pour Paris Match, il avait aussi collaboré pour Sud-Ouest Dimanche, Le Figaro, ou le New-Yorker.. Difficile alors de croire qu'il s'était tourné vers le dessin de presse des raisons alimentaires. Le Louarn lui préférait la gravure mais une maladie l'a rendu allergique.
Carine Caussieu
Jusqu'au 21 septembre au Musée des Beaux Arts, aile nord, cours d'Albret, 2,5-5€.