Raki est un jeune garçon qui a vu récemment mourir ses parents des mains d’un Yoma. CLe seul moyen connu pour éradiquer la menace des Yomas est de demander l’aide d’un mystérieux groupe : les Claymores. Ceux qui le constituent sont toutes des femmes mi-humaines mi-Yomas vivant en marge de la société car craintes des humains en raison de leur origine et de leur apparence. Afin d’éliminer le Yoma qui se trouve dans le village de Raki, le chef de celui-ci fait alors appel à cette organisation. C’est ainsi que le jeune orphelin fera la connaissance de Claire, une Claymore qu’il suivra dans ses missions ce qui lui permettra de voir si les Claymores sont aussi inhumaines qu’on le prétend.
Et voilà, Claymore est fini ce mois-ci. Une autre page se tourne. je le suis depuis ses débuts en 2001. 14 ans, c’est une tranche de vie.
Pour moi, Claymore c’est un peu Berserk au féminin. Ca ne fait pas dans la dentelle, ca taille dans tous les sens mais que c’est bon. Alors certes, on pourrait reprocher à Claymore son dessin simpliste mais je le qualifierais plutôt de minimaliste. Pas besoin de faire dans le détail. Bizarre? Oui et non. Si Berserk est une oeuvre qu’on peut suivre sans texte, tant les planches sont réussies, Claymore brille surtout par son scénario. Dans ce cas, pourquoi charger chaque page avec des éléments inutiles?
En effet, le scénario m’a beaucoup plu. Si les premiers tomes sont moins profonds, le reste est très complet. Comme d’habitude, il faut passer les tomes d’introduction et les présentations interminables mais même dans ces moments, Claymore reste un bon manga. C’est après que tout s’anime. Pour moi, le manga est composé de deux arcs: l’avant et l’après. L’après est meilleur car on assiste à des rebondissements, une histoire plus travaillée mais aussi à l’évolution des personnages. On sent bien les années écoulées par l’auteur et par son travail. Il a muri comme ses personnages. Et son histoire est aussi plus complexe. Il ne s’agit plus d’une simple vengeance de base mais bien d’une intrigue politique (sans faire dans le débat philosophique). Intrigue qui m’a d’ailleurs assez bluffée car je ne m’y attendais pas et qui reste en plus très bien pensée.
Mais je vais plutôt reprendre sur les persos. Claire est une héroine à la Guts. Bourrine, peu portée sur les émotions et implacable. Mais après avoir sauvé Raki et devant l’entêtement du jeune garçon, elle finit par découvrir des sentiments qu’elle pensait perdu. En réalité, elle fait un parallèle avec ce qu’elle a vécu et sur sa relation avec Thérèse. Il est intéressant de voir l’évolution de Claire, d’abord comme gamine puis comme guerrière. Et on comprend aussi ce qui la motive: une bonne vieille vengeance. Tout comme Raki d’ailleurs. Les deux enfants cherchaient ce qui leur manquait et ce qu’ils ont trouvé dans la compagnie d’une Claymore. Claire voulait une mère, Raki une arme pour se venger et quelqu’un qui le comprenne. Dès lors leur relation est ambigue car il la voit à la fois comme une seconde mère, une amie, un maître mais aussi comme une soeur (et une amante plus tard).
Les décors sont light, pas le design des personnages
Mais ce qui rend Claire aussi intéressante c’est aussi qu’elle diffère de ces collègues. Alors que chacun exhibe avec fierté son numéro, sa technique fétiche, ou sa force, en vue de prendre du grade, Claire ne joue à ce jeu puéril selon elle. On apprend d’ailleurs qu’elle est la plus faible de toutes les guerrières au début pour une certaine raison. De part sa nature particulière, même parmi les Claymore, Claire possède un pouvoir inconnu qui va mener les autres sur un nouveau chemin. En tant qu’anomalie, elle est devient une figure de proue dans une situation qui paraissait désespérée. Elle est l’étendard que l’on brandit bien haut et pour qui on se bat.
J’ai beaucoup aimé aussi les numéro 1. Chacune a sa techniques, son tempérament et généralement, son caractère est unique. Unique dans le sens où elles savent qu’elles sont au top mais aussi parce que le mangaka a vraiment travaillé dessus. A part les personnages principaux, ce sont vraiment elle qui tire leur épingle du jeu. Et la reine en la matière est Thérèse la souriante, la plus puissante ayant jamais existé. Elle survole les autres avec un facilité déconcertante et surtout, elle n’est pas comme les autres car elle est la seule à utiliser son côté humain (manière d’agir que Claire reproduira inconsciemment). Les plus forts sont aussi les plus aptes à ouvrir leur coeur.
Bon, on peut tout de même reprocher une fin assez confuse. Pas la fin à proprement parlée mais plutôt la dernière partie. Si tout se passait bien selon un plan définit, on ajoute des personnages, on s’embrouille un peu dans le pourquoi du parce que et il faut attendre le dernier tome pour tout remettre dans l’ordre. Cela lui coutera-t-il un point en moins? Oui car sans ce passage confus, le manga méritait vraiment une belle place sur une étagère. C’est toujours le cas mais je le trouve dérapant sur les derniers tomes et c’est dommage. Berserk ne souffre d’aucune fausse note.
De plus, le côté intrigue politique n’est pas assez poussé. Et pourtant, il y avait matière à faire quelque chose de plus poussé, en sacrifiant quelques combats, loin d’être utiles. j’aime Claymore car il y a de l’action mais je l’aurais encore préféré avec un peu plus de moments calmes mais complexes. Or, le mangaka ne fait que survoler le sujet, donner quelques informations mais il manque des explications. Non, plutôt, il n’est pas assez approfondi. Ce n’est certes pas le genre du manga mais l’idée méritait qu’on s’y attarde plus longuement.
Malgré ces quelques points noirs, Claymore reste un très bon manga que je recommande chaudement à tous. Durant les 14 ans, j’ai attendu les tomes avec impatience et je ne suis pas déçu. Les personnages évoluent, les méchants sont classes et les liens entre tout ce petit monde sont complexes.