Identité façonnée 2.0, représentation de soi en mode virtuel sur Instagram, partagée via Facebook, commentée via Twitter, mais qu’en est -il aujourd’hui de nos rapports à l’autre, de nos liens ? Sommes-nous encore plus seul dans cette ère numérique ?
Telles sont les bases de réflexion de la pièce, Le prochain train de Orah de Mortcie, mise en scène par Laetitia Grimaldi, actuellement à la Manufacture des Abbesses à Paris.
Vincent est un toxicomane du travail. Rivé à son écran, ignorant de la vie qui coule autour de lui, il ne lèvera la tête que pour constater que sa femme est partie sans même qu’il ne s’en aperçoive. Poussé par son entourage à se ressaisir, à réagir, il choisira la seule solution logique à ses yeux : faire appel à une professionnelle du web afin qu’elle lui invente et administre sa vie.
Karine est la meilleure dans son domaine. Elle gère la vie de ceux qui n’ont plus le temps de le faire. Donnez-lui vos identifiants et vos mots de passe, elle s’occupera du reste. Dès lors, tous deux se mettent en affaire : quoi de plus logique dans une société où chacun se débat pour maintenir son employabilité et sa rentabilité ?
C’est sur cette base étrange que ces deux solitaires vont se découvrir et s’apprivoiser…
Dans ce conte moderne mis en scène avec subtilité, baigné d’un jeu de lumière en clair obscur et ponctué d’une musique délicate, se joue la rencontre touchante de deux solitudes interprétées avec justesse par Bruno Hausler et Elsa de Belilovsky.
Le sujet est traité avec sensibilité, tendresse et sagesse et offre un regard philosophique dès plus actuel, à découvrir sur la scène de la Manufacture des Abbesses !
Le prochain train, Manufacture des Abbesses, du mercredi au samedi à 19h, jusqu’au 28 novembre.