Cyril Mokaiesh fait partie de ces des chanteurs français dont je ne cesse de chanter (façon de parler) les louanges et ce en plusieurs occasions, lors de billets particulièrement enthousiastes à ce sujet notamment ici ou là .
Malheureusement, malgré ma modeste contribution, il faut bien se rendre à l'évidence: voilà un artiste phare de la chanson française qui n’arrive malheureusement pas à percer hors du champ (décidément) de quelques initiés.
Malheureusement, il n'est pas certain du tout qu’avec son nouveau projet discographique qui vient de sortir il ya un mois environ , cette situation évolue dans un court terme
En effet, après deux albums à la fois de très haute qualité littéraire et mélodie mais qui m’avaient semblé pourtant très accessible au plus grand nombre, Cyril Mokaiesh revient avec une démarche oh combien salutaire mais pour le coup quand même plus élitiste dans son contenu et dans sa forme.
En effet, ce Naufragés, un disque de reprises piano/voix imaginé avec le jazzman italien Giovanni Mirabassi, il décide de mettre en lumière les grands oubliés de la chanson française
A l'exception de Mano Solo, Daniel Darc et Pierre Vassiliu qui ont connu de leurs vivant un vrai succès public connu malgré quelques malentendus ( Vassiliu uniquement passé à la postérité pour son Qui c'est celui-là ? qui est loin de représenter l’étendue de sa palette), ou encore Philippe Léotard, mais plus connu comme acteur et personnage public que comme chanteur, les artistes retenus par Mirabassi et Mokaeish n’ont vraiment jamais réussi à percer et surtout trainent derrière eux une vie de désillusions et de rêves brisées, que la plupart de leurs créations ne parviennent pas à dissimuler.
Nu, c'est peut-être, les deux morceaux d'Alain Leprest et Nous de Debronckart sont des morceaux absolument magnifiques que j’ai découvert grâce au talent et à la passion contagieuse de Mirabassi et Mokaiesh, qui prouvent que l'alchimie entre le chanteur exalté et le compositeur plus habitué au jazz qu'à la chanson fonctionne du feu de Dieu.
On ne peut que les féliciter pour ce challenge, tant ce disque, à contre courant des disques de reprise à la Génération Goldman est un pari audacieux et pleinement réussi.
Et pourtant Alan Leprest, Jacques Debronckart et Vladimir Vissotski ou encore Bernard Dimey sont des auteurs interprètes d’immense talents, malheureusement jamais reconnu à la hauteur de ce talents, mais des artistes que forcément, les vrais amoureux de la grande chanson française ne peuvent qu’admirer.
Grâce à la très belle orchestration de Giovanni Mirabassi qui magnifient souvent mes mélodies, la version de Mokaiesh fidèle à son exaltation légendaires sont puissantes et émouvantes, même s’il faut sans doute-ce fut mon cas – un petit temps d’adaptation pour y entrer.
Le piano solo de Giovanni rend ces morceaux profondément mélancoliques, n’hésitant pas à faire ressortir la tristesse cachée dedans. Grâce à elle et le phrase moderne et fiévreux de Mokaiesh, cet album piano-voix arrive à ne jamais faire daté et vieillot et rend un très bel hommage à ces Naufragés de la chanson française, un naufragé qui malgré mes prédications de début de billet, seront entendues par le plus grand nombre.