Pour la 19e année, ce samedi, à Paris, l’Existrans portera haut et fort les revendications des personnes transsexuelles pour plus d’égalité et de dignité. L’occasion de se poser une question simple : où en est-on des droits des personnes transsexuelles ? Malgré les promesses, malgré les rapports, malgré les déclarations, malgré tout ça … la réalité est que l’on n’en est pas bien loin. Cette réalité m’est et doit nous être à toutes et tous insupportable.
Alors oui, pour reprendre une partie du mot d’ordre de cette 19e édition de l’Existrans: le monde avance, la France recule !
Aujourd’hui, l’urgence est devant nous. Soyons clairs et disons-le sans ambages, les personnes transsexuelles sont maltraitées par notre société. Oui maltraitées, j’assume à 100% ce mot, son utilisation et sa portée. Ces personnes ne doivent pas être tolérées –quelqu’un serait donc supérieur à l’autre et aurait donc tout pouvoir pour tolérer ou non ce même autre? - mais acceptées de manière pleine et entière. Les personnes transsexuelles sont des citoyens à part entière. Tout simplement et totalement. Avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Les mêmes droits … ? En fait, concrètement non. Assurément pas.
J’en veux pour preuve, non pas des impressions forcément subjectives, mais les chiffres : selon une enquête de l’IDAHO en 2014, 85% des trans déclarent avoir déjà subi un acte transphobe au quotidien et 64% avoir été rejetés du système de sante à cause de leur transidentité. Les personnes interrogées ont perdu un contact avec un ou des amis dans 69% des cas, un contact avec un ou des membres de la famille dans 42% des cas, un travail dans 28 % des cas. Ces discriminations sont constatables et pourtant seuls 3% des personnes trans vont porter plainte. Oui, 3 personnes sur 100… Le constat est claire, limpide même. Il devrait nous révolter, pousser les pouvoirs publics à réagir de manière extrêmement forte et urgente mais, concrètement, il n’en est rien. Les personnes trans sont, à moins d’événements très médiatiques traitées d’une manière très souvent – trop souvent sensationnalistes, oubliées, mis de côté, frappés d’invisibilité. Et c’en est assez !
Bien sûr les citoyens quelques fois par bêtise, souvent par méconnaissance adoptent des attitudes inappropriées à l’encontre des personnes séropositives, abreuvés il est vrai par une image très souvent réductrice que l’on trouve à foison dans les médias. Ils sont responsables, nous sommes responsables de la vulnérabilité des personnes trans et du niveau de discrimination particulièrement haut. Mais ce sont bel et bien les politiques publiques qui favorisent terriblement cette vulnérabilité : sous-information, difficultés juridiques liées au changement d’état civil, à l’accès à l’emploi et au logement, obstacles à l’accès aux soins et à la prise en charge …
Les revendications de l’Existrans sont légitimes et je m’y associe pleinement. La solution peut bien sûr venir directement du gouvernement mais il est tout aussi possible de regarder du côté de l’Europe. Oui, vous savez, l’Europe si souvent mise en avant comme source de tous les maux de la France. Hypocrisie très simple que de mettre la faute sur l’autre … Sur ce dossier des droits des trans, l’Europe a la solution. Le 22 avril 2015, le Conseil de l’Europe votait la résolution 2048. Toutes les thématiques y sont abordées : législation contre la transphobie, traitements de conversion sexuelle, soins de santé et bonnes pratiques, reconnaissance juridique explicite faisant référence à l’identité de genre du genre, sensibilisation du grand public formation des professionnels de santé….
Reste à savoir désormais ce que fera la France: accepter délibérément de laisser les personnes transsexuelles dans un statut de sous-citoyen ou prendre la voie induite par ce qui est inscrit au fronton des édifices de la République : « Liberté, Egalité, Fraternité » ? Reste à savoir ce que nous, nous ferons en tant que citoyen : nous complaire dans les préjugés ou adopter un regard sans préjugés.