A quoi sert un historien ? C’est la question à laquelle s’est efforcé de répondre J. Morsel, de Paris I, en réponse à une de ses étudiantes : “C’est ainsi qu’en décembre 2004, à l’issue de trois heures d’examen blanc, une étudiante est venue me demander, en y mettant toutes les formes possibles, à quoi peut bien servir le fait d’étudier « tout ça ». L’assiduité et les notes déjà obtenues par cette étudiante interdisant de considérer cette question comme une simple provocation ou une crasse incompréhension…”.
La réponse est librement disponible sur Internet avec un titre provocateur : “L’histoire (du Moyen âge) est un sport decombat”. Un sport de combat au service de valeurs qui me sont chères : démocratie, laïcité, … En 196 page (.pdf), un savoureux ouvrage, stimulant, incisif et très agréable à lire, librement téléchargeable sur le site de Paris I , et dont je recommande la lecture à tous.
Un extrait ? Pas forcément le plus tonique:
“Bien que l’historien travaille sur des réalité passées, l’Histoire n’est pas la science du passé - et encore moins de la vérité: le réel et la vérité sont des notions extrêmement différentes (et même opposées à bien des égards), et la simple reconstitution de ce qui a été fait, dit ou cru n’est qu’une partie du travail historique - bien qu’elle occupe, pour des raisons pratiques et techniques (dispersion, langue et caractère incomplet des données conservées), une grande partie du temps de la recherche. Le travail historique proprement dit ne commence qu’ensuite, lorsqu’à partir d’une ou plusieurs situations reconstituées on entreprend d’expliquer rationnellement (et non pas de justifier) le changement. L’Histoire n’est en effet pas la science du passé mais la science du changement des sociétés humaines (le médiéviste espagnol Carlos Barros parle aussi de « science des hommes dans le temps ») - et l’historien doit expliquer moins pourquoi que comment la société qu’il étudie s’est transformée”.
Bonnes lectures.