En juin dernier, l’association Ouverture, avait consacré un premier événement au paysage urbain en invitant onze photomobeurs à témoigner de leur regard sur la ville de Neuchâtel (nous vous en parlions ici). Forte du succès qui en a découlé, l’association a souhaité clore ses activités de l’année 2015 en dévoilant une autre facette de la photomobile. Non pas celle de la balade dilettante, mais celle qui accompagne les hommes et les femmes dans leur exil forcé. Celle qui témoigne du quotidien et qui raconte l’instant. Outil de survie pour un périple dont les images bouleversent depuis plusieurs mois le monde entier, le smartphone – et la photographie qu’il autorise – jouent en effet un rôle majeur dans la transmission des informations concernant la crise des migrants. Face à la déferlante d’images et de prises d’opinion dans les médias et sur les réseaux sociaux, Ouverture est allée à la rencontre des hommes et des femmes dont le chemin s’est un jour arrêté, provisoirement du moins, au centre d’accueil de Fontainemelon (Neuchâtel).
Pour ce faire, l’association a demandé à trois photographes d’utiliser leur smartphone comme outil de dialogue. Gabriele Chirienti, photographe et enseignant, a conduit artistiquement le projet, aux côtés de Pierre-Alain Berger et Stan of Persia. Trois regards dont l’authenticité et l’engagement dans leurs travaux personnels ont permis de faire connaissance avec les pensionnaires du centre de Fontainemelon en toute pudeur. Le temps de quelques ateliers, photographes et migrants ont décliné et partagé leurs regards sur l’attente. Ce thème résume à lui seul les difficultés que les migrants affrontent avec courage et dignité. Là-bas, ici. Et entre deux. Attendre le départ, attendre un moyen de transport, une autorisation. Attendre de pouvoir parler à des proches ou de les retrouver enfin. Attendre en se nourrissant de l’espoir d’un avenir meilleur. Pas confortable, pas luxueux. Juste meilleur.
Avec un smartphone en guise de dénominateur commun, les divers acteurs du projet ont ainsi travaillé sur un pied d’égalité pour documenter une étape sur le chemin de l’exil. Dans leur lieu de vie et dans les rues des villes alentours, encadrés et conseillés par les trois photographes, les jeunes migrants, afghans, érythréens et syriens, ont capturé des moments intimes, des regards qui en disent long mais des instants joyeux et des émerveillements également. Et beaucoup de selfies ! Agés de 15 à 25 ans essentiellement, les participants au projet Ouverture ont évidemment témoigné des mêmes centres d’intérets que des Européens de leur âge, la même légerteté aussi qui est désarmante quand, entre deux clichés, ils nous ont raconté leur destin.
Ce sont les fruits de ces rencontres que l’association Ouverture présentera le temps d’un événement. Des fruits à vendre, en tirage unique, au prix de CHF 50.- l’image. L’intégralité des fonds récoltés lors de cette exposition sera reversée à Médecins du Monde qui œuvre, par son action « Accueil, santé, asile », à renforcer l’offre des services en matière d’accès aux soins, de prévention et de promotion de la santé dans les centres pour requérants d’asile du canton de Neuchâtel. De plus, durant tout l’événement, l’association récoltera des habits d’hiver pour en faire profiter les pensionnaires du centre de Fontainemelon.
Au-delà des fonds réunis, l’exposition espère abattre les barrières dressées par la peur et les préjugés et montrer ainsi que la notion de frontière est bien arbitraire lorsqu’il est question de rencontres, d’échanges et de valeurs humaines. Une manière de rappeler que la photographie, c’est aussi cela.
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Informations pratiques:
L’attente, exposition collective de photomobile.
Vernissage le jeudi 5 novembre à 18h30.
Puis du vendredi 6 au dimanche 8 novembre, de 11h à 19h.
Fabrik:5, Rue Erhard-Borel 13, Neuchâtel-Serrières
Infos et contacts : facebook.com/ouvertureneuch
© photo 1. Gabriele Chirienti
© photo 2. Stan of Persia