Tout le monde s’accorde a dire que notre offre culturelle nécessite une réelle mise à niveau, tant il est vrai que notre histoire, depuis Idriss 1er à nos jours a laissé des sites et des vestiges attestant d’une richesse et d’un passé glorieux. Le bémol est que la grande majorité de ces monuments est dans un état de délabrement avancé faute d’entretien, faute de moyens et faute surtout de compétence en matière de gestion. Depuis plus d’une décennie, il ne passe pas une réunion que ce soit à l’échelon local ou national, sans que cela ne soit décrié par les professionnels du tourisme et plus particulièrement les guides et les agents de voyages.
Notre offre est vétuste, dépassée et ne représente pas le minimum requis en matière d’intérêt, de confort et de sécurité dans la majorité des sites proposés au public. Cet état de fait a encore été cité lors du dernier conseil stratégique du tourisme qui s’est tenu il y a tout juste un an (19/09/2014).
Lors de ce CST, Le Ministre de la Culture a pris bonne note de nos doléances et acquiescé sur tous les points en nous annonçant sa volonté de passer à un système de gestion pour compte pour un certain nombre de monuments. Cette décision tient compte bien sûr des remarques des professionnels, mais également du fait que le Ministère de la Culture n’a ni les moyens, ni les compétences et surtout pas la volonté de se substituer à des professionnels dont le métier est justement la gestion des sites historiques.
Dés lors, une commission d’experts dans les domaines du patrimoine, du droit et des finances s’est constituée afin d’élaborer un nouveau modèle de gestion des sites et monuments. Après une période de gestation qui a duré plus de dix huit mois, un premier appel à concurrence a été lancé en date du 8 juillet pour l’exploitation des services de gestion et d’animation culturelle de monuments historiques et de sites de la ville de Marrakech : Le Palais Bahia, Le Balais Badiâ et les Tombeaux Saadiens.
Ce qu’il faut également savoir, c’est que cette décision n’a été prise qu’après consultation et accord préalable du Gouvernement, du Parlement, de la Seconde Chambre et du Conseil Economique Social et Environnemental. C’est dire le degré de responsabilité et les précautions qui ont été prises pour arriver à cette décision qui n’est ni unique ni nouvelle puisqu’il existe des précédents pour d’autres services publics. Cette démarche a l’avantage d’être bien pensée, bien construite, transparente et protégeant avant tout le patrimoine national.
En lisant la Convention pour l’exploitation des monuments ainsi que le règlement de Consultation, on peut mesurer à quel point tout a été « bétonné ». L’Etat par l’intermédiaire du Ministère de la Culture contrôle l’ensemble du processus et ne laisse aucune faille. Aussi, le procès qui en a été fait par certains est dénué de tout fondement et ne sert ni la cause du patrimoine, ni celle du Tourisme et dénote surtout d’un nationalisme d’un autre âge.
A ce sujet, la mise au point qui a été faite par le Ministère de la Culture en date du 12 octobre est on ne peut plus explicite sur la nature de la procédure et la clarté qui en découle sauf que personnellement, je ne comprends pas les raisons de son arrêt le 5 octobre sans aucune forme d’explication.
Il est vrai que cette décision aussi fait l’objet de l’article 23 du règlement consultatif, qui stipule « Le Ministère se réserve le droit d’annuler la procédure d’Appel à la concurrence à tout moment avant l’attribution du contrat, sans, de ce fait, encourir une responsabilité quelconque vis-à-vis du ou des candidats affectés, ni être tenu d’informer le ou les candidat(s) affecté(s) des raisons de sa décision. »
Donc, après avoir fait tout un travail qui a reçu l’aval de tous, qui garantit l’état dans tous ses droits, qui préserve le patrimoine, qui a suscité l’intérêt de plusieurs opérateurs de renommée internationale, qui augure d’un saut qualitatif en matière de services, qui crée de la valeur, qui préserve des emplois et qui prélude d’une nouvelle ère dans le partenariat public privé, on décide de tout annuler sans avoir à donner de raisons. Que les candidats aient accepté cette clause est un fait, mais en notre qualité de professionnels militants, on est en droit de se poser la question suivante : Pourquoi avoir fait tout ça pour ça ?