On en consomme de manière anodine, pourtant les compléments alimentaires, tels que les produits à base de plantes ou encore les micronutriments, vitamines et minéraux, produisent des effets réels et entraînent des effets indésirables. Pas moins de 23.000 visites aux services d’urgences américains sont liées à l’ingestion de ces compléments. Ce bilan, proposé dans le New England Journal of Medicine appelle donc à ne pas se "supplémenter" sans prescription médicale mais aussi à ne pas laisser traîner ses suppléments à portée des enfants ou des personnes âgées.
Problèmes cardiaques dont arythmie, douleurs thoraciques ou étouffement sont des effets fréquemment rencontrés aux urgences, après ingestion de suppléments énergisants ou de perte de poids (72% des cas), explique l’auteur principal, le Dr Andrew Geller des US Centers for Disease Control and Prevention (CDC). Les enfants et les plus âgés ne sont pas épargnés. Chez les adultes de 65 ans ou plus, 37% des visites aux urgences associées à l’ingestion d’un supplément sont liés à la suffocation ou à la dysphagie.
Les chercheurs ont travaillé à partir des données recueillies entre 2004 et 2013 de 63 services d’urgence américains pour estimer, au niveau national, la volumétrie des complications liées au mésusage de ces suppléments alimentaires. L’estimation aboutit au chiffre de 23.005 visites aux urgences, chaque année aux Etats-Unis, précisément entre 18.000 et 27.000. Parmi ces cas, 2.154 patients seront hospitalisés.
Quels ingrédients responsables ? Compte-tenu du nombre de suppléments disponibles sur le marché, il reste complexe d’identifier les principaux responsables. De plus, ces produits ne passent pas par les protocoles habituels d’autorisation de mise sur le marché dont ne remplissent pas les mêmes normes de sécurité et d’innocuité que les médicaments OTC. De plus, l’information est fréquemment insuffisante ou incomplète sur la notice des produits qui contiennent de multiples ingrédients actifs combinés.
ØIl est donc impossible d’identifier les ingrédients actifs spécifiques responsables des effets observés. Enfin, il n’existe pas, pour ces compléments de véritable système de pharmacovigilance.
Ce n’est pas la première étude à dénoncer les dangers des compléments alimentaires. Ces quelques chiffres contredisent à nouveau l’idée généralement reçue qu’il est possible de prendre des suppléments en toute sécurité.
Source: NEJM October 15, 2015 DOI: 10.1056/NEJMsa1504267 Emergency Department Visits for Adverse Events Related to Dietary Supplements
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