Ce onzième France - Roumanie de l’Histoire sera le second lors d’une phase finale d’un Championnat d’Europe des Nations. La première fois, c’était en 1996 chez nos voisins Anglais. Dans le groupe B, les bleus d’Aimé Jacquet avaient entamé leur campagne contre les partenaires de Gheorghe Hagi avec une victoire 1-0, au Saint James Park, grâce à un but de Christophe Dugarry.
Pour en arriver là (le groupe C de cet Euro 2008), les joueurs de Victor Piturca sont sortis en tête du groupe G des groupes qualificatifs. Au nez et à la barbe des Pays-Bas auxquels ils ont pris quatre points, s’imposant au pays (1-0) et faisant 0-0 à Amsterdam. Seule la Bulgarie a tenu en échec les Roumains. Les coéquipiers de Cristian Chivu ont concédé leur seule défaite dans ce groupe contre la Bulgarie, à Sofia (1-0), et ont même concédé le nul à domicile (0-0). La Biélorussie, l’Albanie, la Slovénie et le Luxembourg faisant office de sparring-partner (9 victoires, 2 nuls, 1 défaite 26 buts marqués, 7 encaissés).
C’est dire si la Roumanie n’est pas le premier venu (12è à la FIFA). Ce pays de 21 millions d’habitants a connu sept phases finales de Coupe du monde et dispute aujourd’hui son cinquième Euro. La Roumanie c’est un peu l’éternel pays de l’est aux saveurs de guerre froide, à l'arrière goût de dictature. Et oui, une compétition internationale c’est surtout l’affrontement, la symbolique de toutes les guerres mondes, passées, actuelles et à venir. Mais aujourd’hui le rideau de fer est tombé et la Roumaine fait partie de l’Europe presque occidentale et l’on apprend qu’un Roumain peut sereinement envisager de vivre jusqu’à 72 ans. Un luxe que même Ceauşescu n’a pas pu se payer. Mais à défaut d'utopie communiste, la Roumanie s’est plongée corps et biens dans le football, bien qu’une persistance rétinienne oblige le téléspectateur lambda à voir un match forcément en noir et blanc. Capitalisme et exportation de savoir faire local, le Roumain s’est fait une joie d’embrasser son siècle de retard et c’est à peine étonné qu’on apprend qu’Adrian Mutu, la star de l’équipe, fut contrôlé positif à la cocaïne en octobre 2004, alors qu’il jouait à Chelsea, afin de booster ses performances sexuelles alors qu’il bullait en vacances à Miami.
Néanmoins depuis quelques années, l’Europe doit faire avec les 150 000 licenciés du pays. D’ici 2010 le pays du Steaua Bucarest, du Dinamo Bucarest, du Rapid Bucarest et même du CFR Cluj (à ne pas confondre avec la célèbre pâtisserie de Monsieur Preskovitch) pointera à la 4è place à l’indice UEFA selon les projections actuelles. Devant Allemands et Français. Et comment ce fait-ce ? Parce que lors de la saison 2005-2006, le Steaua et le Rapid se sont rencontrés en quart de finale de la Coupe UEFA. Que le Steaua était en huitième l’année précédente. Les résultats français en Coupe d’Europe étant si mauvais que cela suffit, d’autant que les finales de Marseille et Monaco sortent de la période où sont comptés les points UEFA.
Le onze type roumain ne concède que deux célébrités au commun des mortels : Cristian Chivu (Inter Milan) et Adrian Mutu (Fiorentina). Cosmin Contra fait office de vétéran (32 ans) et n’évoque un vague souvenir qu’aux amateurs du championnat espagnol où il a joué à Alavès (1999-2001) et à l’Athletico Madrid (2002-2004) avant de se poser à Getafe depuis quatre saisons. Par contre deux joueurs du championnat de France sont dans le groupe roumain. Gabriel Tamas est le défenseur d’Auxerre et devrait débuter contre les bleus alors que l'attaquant Daniel Niculae (qui évolue également à l'AJA) prendra place sur le banc.
C’est le gardien du Dinamo Bucarest qui est le garant de la virginité roumaine (mais tout le monde sait qu’elle ne demande qu’à sauter la catin !). Devant lui, quatre défenseurs : Cosmin Contra (à droite), Razvan Rat (à gauche), le polyvalent défenseur du Chaktior Donietsk (Ukraine). La charnière centrale est composée de Tamas et de Dorin Goian (Steaua). Mais où est Chivu alors ? L’ancien Romain évolue devant la défense en position de milieu défensif. Des responsabilités supérieures à un poste de défenseur central lui sont octroyées par sa polyvalence (capable de jouer à gauche aussi). Le sélectionneur Victor Piturca associe l’Interiste avec Mirel Radoi qui évolue au pays (Steaua). L’animation offensive commence avec Paul Codrea (Sienne), un joueur de 27 ans qui n’a jamais joué pro au pays et connu davantage de saisons de Série B que de Série A (6 contre 4). Un poste ressemblant à celui de Juninho à Lyon, à la pointe d’un triangle à vocation défensive. Trois joueurs se trouvent en attaque avec en pointe Ciprian Marica, le joueur de Stuttgart. Il est épaulé sur le côté droit par Ovidu Petre (CSKA Sofia) et à gauche par la star de l’équipe, Adrian Mutu, qui a inscrit 27 buts en 60 sélections.
Vous l’aurez compris cette équipe joue avec un 4-3-3 qui permet un apport offensif des arrières latéraux non négligeable alors que l’attaquant du côté concerné plonge dans la surface adverse. La confrontation avec l’équipe de France ne se résumera pas à seulement ça, mais l’équipe qui contrôlera les couloirs prendra une belle option sur le gain du match, le milieu de terrain risquant d’être quelque peu embouteillé. On peut analyser le placement de Florent Malouda en milieu axial lors du match amical contre la Colombie en réaction du forfait de Patrick Vieira visant à équilibrer les débats avec trois joueurs français (Makélélé, Toulalan et Malouda) contre trois joueurs roumains (Chivu, Radoi et Codrea). Néanmoins le dernier entraînement des bleus semblait prévoir une animation en 4-4-2 avec Anelka-Benzema en pointe (blessure de Henry) et Ribéry à droite, Malouda à gauche. Néanmoins ce système peut s’adapter et se muer en celui du match de la Colombie.
Le Groupe C :
La confiance est là, mais les doutes aussi :