A 16 ans Hébé se retrouve enceinte, refusant de révéler le nom du père. Ses grands parents qui l'ont élevée décident que seul un avortement sauvera la face des conventions de leur milieu. La jeune femme refuse de se plier à ce plan hypocrite et s'enfuit.
Nous la retrouvons dix ans plus tard, son fils Elias est pensionnaire dans un établissement chic et pour financer ses études Hébé est cuisinière chez de vieilles dames fortunées et également "courtisane".
Cette satire sociale de la société anglaise des années 70 est menée tambour battant, dans un rythme endiablé, tromperies diverses et variées, hypocrisie se cotoient joyeusement. Mais le fond du propos est plus grave qu'il ne semble, l'auteur nous enjoint à dépasser les apparences, car derrière le vernis social , les femmes crient et baffent les enfants, et vont même jusqu'à mordre les hommes. Portrait d'une femme libre qui s'assume, Sucré salé poivré propose un propos décalé sur le mariage : Hébé revendique une liberté sexuelle assumée, c'est elle qui mène la danse et décide de qui fera partie de son "syndicat", ainsi que du lieu et du moment des rencontres. Elle refuse le mariage et ses conventions, échaudée par son propre passé. Elle élève seule son fils, même si cela prendra du temps pour qu'elle se rende compte de ses erreurs, comme celle d'avoir choisi un pensionnat chic pour lui, peuplé d'élèves qui hantent les milieux hypocrites que Hébé a voulu fuir, adolescents qui vont à l'encontre des valeurs que cette mère libre veut inculquer à son fils.
La deuxième partie du roman se rapproche de la farce vaudevillesque avec des personnages qui ont des choses à se dire, des secrets à avouer, mais qui, par un malencontreux hasard, se manquent sans cesse.
L'ensemble ne manque ni de charme ni de profondeur et c'est avec plaisir que nous suivons les aventures de cette Hébé émancipée, à l'image de son auteure à la vie mouvementée...
Présentation de l'éditeur : Editions Héloïse d'ormesson
Sucré, salé, poivré de Mary Wesley, traduit de l'anglais par Michèle Albaret, Editions Héloïse d'Ormesson, juin 2015, 306 p., 22 euros