Souvenir
Jours de Drancy, usine à fabriquer la mort
Avec ses râles, ses mouvements, ses tournements.
Ses cris, ses toux, ses peurs et tous ses tremblements
Mon corps te garde en lui pour bien longtemps encore.
Nuits de Drancy
Usine à fabriquer la mort, nuits de Drancy,
Où le corps en grinçant tâte déjà les planches
Les épaules font mal, je sens gémir les hanches
Mais l’esprit reste souple et chaud dans l’air transi.
Camp de Drancy, octobre 1941
Jean WAHL, Poèmes de circonstance (1939-1941), revue Confluences, 1944
Jean Wahl (1888-1974) a été interné à Drancy en 1941 parce que Juif. Il réussit à s’en échapper avant de fuir en Amérique. Il raconte le souvenir de Drancy, qui ne le quittera jamais, dans de courts poèmes.
Poème trouvé dans l’anthologie Vive la liberté ! publiée aux éditions Bruno Doucey en 2014.
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