"Monsieur mon amour" d'Alexandra de Broca

Par Lesalondeslettres @Salon_Lettres

J'attends un signe de mes gardiens : ce sera la mort ; un signe de vous : ce sera la vie.

Quitte à mourir et à me retrouver au ciel, je préfère la présence de ma meilleure amie (Marie-Antoinette) plutôt que celle de mon horrible époux.


Résumé : Princesse vertueuse totalement dévouée à Marie-Antoinette ou conspiratrice et séductrice aux mœurs dépravées ? Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe, fut en son temps l'objet des plus folles rumeurs.

Au fil d'une bouleversante correspondance imaginaire, Alexandra de Broca, l'auteur de La Princesse effacée, se glisse dans la peau de cette jeune aristocrate turinoise, veuve à dix-neuf ans du descendant d'un bâtard de Louis XIV, qui lui aura fait subir les pires affronts. Comme tant d'autres victimes expiatoires du régime de la Terreur, cette femme fragile, attachée à la famille royale au point de reprendre ses fonctions après la fuite du roi, connaîtra une fin atroce.

Du fond de la geôle parisienne où elle attend son jugement, Marie-Thérèse écrit chaque jour à Philippe d'Orléans, député et proche de Robespierre. Comme la vertu s'adresse au vice, elle commence ses lettres par " Monsieur mon Amour "...

Alexandra de Broca en pleine dédicace de mon livre,

Salon du livre de Paris 2015

Encore une fois, c'est la couverture qui m'a attirée. Pour mon esprit, un tel dessin ne pouvait qu'illustrer une histoire du XVIIIème siècle. Je n'avais pas tort. J'ai découvert ce livre dans les allées du salon de Paris de l'an passé et j'ai donc eu la chance de discuter avec l'auteur sur son livre et sur sa démarche. Cet échange a été très agréable et important pour ma lecture ! Mais si vous ne l'avez pas rencontré, pas de panique car à la fin du livre, l'auteur a inséré une note dans laquelle elle pose une question : "La princesse de Lamballe a-t-elle réellement aimé le duc d'Orléans ?". Dans tous les cas, si ce n'est pas vrai, j'ai passé un agréable moment à lire les lettres de la princesse pour son aimé. Si cela n'est que fiction, l'auteur revient sur les étapes importantes de la vie de Marie-Thérèse. Je suis donc sortie cultivée et distraite de ma lecture.

Monsieur mon amour est un roman épistolaire à une seule voix, celle de Marie-Thérèse de Savoie-Carignan, plus connue sans doute sous le titre de la princesse de Lamballe. Ainsi, pour nous raconter sa vie, l'auteure a choisi des lettres imaginaires écrites par la princesse à Philippe d'Orléans, qu'elle aime. Ses lettres sont donc à la fois pleine d'amour et d'espoir mais, ne recevant jamais de réponse de Philippe d'Orléans, la princesse lui dévoile aussi ses défauts. En effet, au lieu de soutenir la royauté comme on pourrait s'y attendre, il a choisi de soutenir les révolutionnaires. La princesse lui en veut donc. Elle se sent aussi délaissée par cet homme qui affiche ses maîtresses sans rougir. Il faut dire que Marie-Thérèse est loi d'avoir été gâté par les hommes : elle épouse un homme qui s'avèrera être un libertin et pour se libérer du devoir conjugal, il le fait remplir par un valet, étant ainsi responsable du viol de sa propre femme ! Jamais il n'aura une parole d'amour pour sa femme et disparaît bientôt, comme puni de son atrocité... Dans son malheur, pour se marier, la princesse a dû quitter l'Italie et sa famille, et se retrouve ainsi seule. Heureusement, son beau père, M. de Penthièvre, s'avère lui être d'un secours bienvenu, même s'il cache savoir les méfaits de son fils.

La vie de Marie-Thérèse est donc très triste : son époux est ignoble, elle n'a pas d'enfants et Marie-Antoinette lui tourne parfois le dos. J'ai eu beaucoup d'affection pour elle que je découvrais à chaque fois un peu plus à travers les pages.

Adorant Marie-Antoinette, je me devais de lire un ouvrage sur la princesse de Lamballe, qui fût son amie, mais qui a aussi connu des périodes de défaveur - la duchesse de Polignac recevant aussi l'amitié de la reine. En 1774, Marie-Thérèse devient la surintendante de la maison de Marie-Antoinette. Je savais peu de choses de ce personnage, hormis l'homme qui la soigna, le docteur Seiffert (avec qui on la soupçonna d'avoir eu une liaison). J'ai donc trouvé ingénieux de nous faire connaître sa vie par le biais de lettres et durant son enfermement. En effet, quand on est enfermé, que l'on n'a plus rien à faire si ce n'est espérer, que peut-on faire d'autre que de se repasser le film de sa vie ? L'histoire de la princesse de Lamballe est donc, à mon avis, tout à fait appropriée au format épistolaire, d'autant plus que je raffole des romans épistolaires (classiques). Par ailleurs, j'ai beaucoup apprécié l'écriture de l'auteur. Concise, claire et essentiellement au présent, tout est en mesure de rendre le récit vivant.

=> Un roman historique sur une femme au destin tragique, la princesse de Lamballe, et dont la forme épistolaire convient parfaitement à son histoire. Une oeuvre très réussie qui m'invite à lire La Princesse effacée du même auteur, dont j'entends aussi beaucoup de bien.