Martin Scorsese succède à Pedro Almodovar au prix Lumière, récompensant la carrière d’un cinéaste (et/ou acteur) au fil des années. Parmi la liste on retrouve Quentin Tarantino, Gérard Depardieu, Ken Loach, Clint Eastwood, etc. Au détour de son passage à Lyon, Martin Scorsese a accordé aux organisateurs du festival une Masterclass afin de partager son point de vue sur le cinéma, l’avenir du cinéma (et de son cinéma) et la façon de le préserver ou encore de ses projets futurs.
Truffée d’anecdotes, cette Masterclass était un moyen de découvrir Martin Scorsese comme un homme engagé pour sauver le cinéma et notamment ces vieux films qui dorment sur des bobines et qui risquent de disparaître. S’il est connu que Martin Scorsese a créé une fondation afin de restaurer de vieux films, c’est aussi l’un des sujets les plus importants de ce Festival. Mais les meilleurs moments sont ceux où le réalisateur vedette nous révèle quelques anecdotes sur sa vie de réalisateur. Notamment le moment où il a gagné son Oscar pour Les infiltrés. Après Aviator, il avait dit qu’il ne voulait pas faire d’autre film, qu’il ferait « un film de gangster et ensuite » partirait. Sauf que Les infiltrés a été un tel succès inattendu qu’il n’a pu qu’enchaîner sur un autre film.
Pour en revenir à l’Oscar qu’il a reçu, au moment de lui donner cet Oscar, « peu importe le nom qu’il y avait dans l’enveloppe, ils auraient dit Martin Scorsese » et Martin Scorsese a dit « je veux quand même voir le nom qu’il y a dans l’enveloppe ». Je ne connaissais pas du tout cette anecdote et je dois avouer qu’elle était assez cocasse. Martin Scorsese s’attarde aussi sur d’autres moments de sa carrière, comme celui d’après Raging Bull. Il a alors commencé à devenir un réalisateur important dans le monde du cinéma, mais il était difficile d’avoir les financements nécessaires pour ses films. Notamment La Dernière Tentation du Christ qu’il a mis énormément de temps à pouvoir produire. Le financement des films est d’ailleurs un sujet important de cette Masterclass, alors qu’il parle notamment du fait que son prochain film, « The Irishman » avec Robert de Niro n’est pas le film le plus facile à produire, rappelant que les producteurs soutiennent les réalisateurs tant qu’ils font des films qui fonctionnent. C’est le succès du Loup de Wall Street qui lui a permis de faire Silence.
Devant un parterre de stars (Mads Mikkelsen, Clémence Poésy, Alessandra Sublet, Raphael Personnaz, Félix Moati, Vincent Macaigne, Vincent Lacoste, Régis Wargnier, Thomas N’Gigol, Richard Anconina, etc.), il va révéler que Silence a été difficile à faire. Il travaille sur ce projet depuis 1989-1990, a mis près de dix ans à venir à bout du script et les droits d’adaptation ont été encore plus difficile à obtenir. Silence ne s’est donc pas fait facilement, même si l’on est Martin Scorsese. Derrière un discours souvent humble et très personnel, le réalisateur se livre sur sa vie, sa famille et ouvre un chapitre de lui même que l’on n’a pas l’impression d’entendre souvent. Il soutient aussi le fait que même quand on est un grand réalisateur, cela ne veut pas toujours dire que l’on va vous donner les clés pour faire facilement vos films. Il faut se battre pour faire le cinéma que l’on veut.
L’amour que voue Martin Scorsese au cinéma se ressent également lorsqu’on lui demande combien de films a t-il prévu de faire encore dans les années à venir. Il répond simplement « tant que je peux en faire, j’en ferais ». Pendant près d’une heure et quart, Martin Scorsese va nous en apprendre sur sa vision du cinéma et de l’influence que cela a pu avoir sur sa vie. Comment le cinéma a sauvé sa vie en quelque sorte et comment il cherche aussi à aider la nouvelle génération (toujours près à donner des conseils aux futurs réalisateurs).
Je tenais également à souligner le travail remarquable de la traductrice, parvenant à retranscrire à la perfection et en résumant par moment, tout ce que Martin Scorsese pouvait nous raconter. Chapeau !