Oubliez tous les clichés sur les squelettes poussiéreux et les crânes d’australopithèques du musée d’avant 2008 …
Après presque 7 années de fermeture, une certaine dispersion des collections au profit des musées du Quai Branly et MUCEM de Marseille …(mais il reste encore 700000 objets dans le fonds du musée), un budget de près de 100 millions d’Euros, reconnaissons l’efficacité et la permanence de l’Etat (la décision de rénover ce musée émane de Valérie Pécresse, Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de Nicolas Sarkozy en 2008) qui nous offre aujourd’hui – et pour 3 jours, c’est gratuit ! – un espace de savoir scientifique et de beauté aussi lumineux que passionnant.
Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? Ainsi est séquencé le parcours du musée. Qu’est-ce qui nous différencie des autres espèces, commet appréhender l’unité de l’humanité, comment l’Homme (et la femme) est à la fois un être biologique et culturel, comment se construit la différence entre masculin et féminin (somme toute assez minces, ces différences : le vêtement, les rites d’initiation …)
Le musée, au parti pris esthétique évident, donne à voir au visiteur un miroir de la diversité et donc une grande leçon de tolérance.
Car les hommes affichent leurs croyances et leur appartenance à un groupe, leur identité : par la parure, la langue, le tatouage, les objets que l'on met dans sa maison, l'art, la manière d'ensevelir ses morts ...
Depuis le diaporama sur les styles de l’art pariétal à travers les millénaires qui fait la part belle aux sites de notre pays (Lascaux, Niaux, Chauvet, Pech-Merle …) à celui de la progression de la population humaine depuis le foyer originel africain jusqu’aux dernières conquêtes et migrations, enfin la sensibilisation de l’impact des activités humaines sur la nature et l’environnement – une contribution à la prochaine COP21 !
On a envie de « creuser » les questions fondamentales de notre origine et de notre destin, depuis les chasseurs-cueilleurs, la coexistence des Néanderthaliens et des Homo sapiens, jusqu’à la mondialisation, ici symbolisée par ce sympathique Car rapide sénégalais : un objet mis au rebut, réformé, réutilisé, réinvesti par l’art populaire …
A ne pas manquer, la petite salle de la mezzanine où sont exposés des objets fantastiques : un morceau de mammouth gravé, une statuette de 10 cm de haut, la Vénus de Lespugues (découverte dans la grotte des Rideaux en Haute-Garonne), vieille de 23000 ans et qui ressemble à une œuvre cubiste du XXème siècle, les haches de bronze … On parlera aussi de la collection pleine de poésie des bustes humains dans toute leur diversité (encore !), du mur des 7000 langues parlées sur la planète, du cercle des 7 terres qui raconte la néolithisation du monde sur des panneaux de feutre …
De ce musée où l’on apprend plein de données scientifiques sans même s’en apercevoir – par exemple que l’anorak est à l’origine un vêtement inuit féminin avec une poche dans le dos pour y glisser un bébé - on ressort avec un sentiment d’intense optimisme : depuis les origines de l’espèce, l’homme a toujours su s’adapter aux conditions naturelles et climatiques. Notre environnement est-il compatible avec le mode de développement économique que nous avons choisi et auquel aspirent tant de populations qui n’en bénéficient pas encore ? Volens, nolens, nous trouverons la réponse à cette question, et moi, j’ai confiance !
Musée de l’Homme – 17, place du Trocadero – Paris 16 ème, de 10 h. à 18 h., fermé le mardi – tarif : 10 €, gratuit les 3 premiers jours d’ouverture.