Le parc archéologique européen de Bliesbruck-Reinheim propose, à partir du 7 juin 2008 et jusqu'au 26 octobre 2008, une exposition sur le thème de "L'or des Barbares".
Il s'agit en fait d'exposer un trésor d'époque gallo-romaine, exhumé du Rhin entre 1967 et 1997, à Neupotz, entre Karlsruhe et Spire ; il est constitué essentiellement de riches éléments de vaisselle et de parure gallo-romains. Les archéologues le datent des environs de 260 ap. J.-C. C'est en fait un témoin très précieux de la situation du Nord-Est de l'Empire romain vers le milieu du IIIème siècle av. J.-C., une période très troublée tant sur le plan intérieur (usurpations, conflits de pouvoir) que sur le plan extérieur, puisque l'Empire subit alors une intensification des raids de pillage menés par les Germains, essentiellement, à cette époque, Francs et Alamans. Le trésor de Neupotz est probablement le fruit d'un ce des raids de pillage en Gaule romaine, très riche butin qu'une troupe de Germains espérait ramener chez eux, au-delà du Rhin, mais qui, pour une raison qui nous échappe, se perdit et finit dans le cours du fleuve. Nous ne sommes pas encore au temps des migrations, les "barbares" se contentent alors de pénétrer dans l'Empire, dans les deux provinces frontière de Germanie inférieure et de Germanie supérieure, puis dans la province de Gaule Belgique, et au-delà, dans la riche Gaule Lyonnaise, pour mener de brefs raids ; ils ne cherchent pas à s'établir, ni à acquérir des terres, mais seulement à mettre la main sur des richesses facilement transportables, notamment les métaux précieux.
L'exposition est accueillie sur le superbe site de Bliesbruck-Reinheim, à la frontière franco-allemande, dont la visite présente elle-même un grand intérêt. Le site est surtout célèbre pour la tombe de "princesse" celte qu'il a livré avec un riche matériel (torque torsadé, bracelets, fibule et bagues en or, fibule et miroir en bronze, corne à boire, plats en bronze, etc.), daté à la fin du Vème siècle av. J.-C. (photo ci-contre). La sépulture se trouvait sur les pentes d'un oppidum celtique implanté sur une petite colline dominant la vallée de la Blies, qui se trouvait sur l'ancien territoire des Médiomatriques, dans cette partie de la Gaule dite "Belgique". Plus tard, dans la vallée, se développe une petite bourgade très dynamique (les Romains appelaient souvent de genre d'agglomération secondaire vicus), qui comprenait de vastes thermes, dont les aménagements révèlent une pragmatique adaptation au climat frais de la région, mais aussi un grand quartier artisanal, qui s'est développé le long d'une voie nord -sud. Plus tard encore, à partir du IVème siècle, la bourgade elle-même semble presque totalement abandonnée, mais se construit alors à proximité une immense villa, avec enceinte fortifiée, où travaillaient sans doute, au service d'un maître, plusieurs centaines d'hommes. Les rapports de la villa avec l'ancien vicus ne sont pas clairement établis, mais il semble que ce changement dans l'occupation de l'espace reflète un changement important dans la structure des rapports sociaux.
Le site, très bien aménagé pour les visiteurs, présente la particularité d'être à cheval sur la France et l'Allemagne ; ainsi, pendant la visite, vous passerez la frontière sans même vous en rendre compte ! Il y a cependant un accueil côté français et un autre côté allemand.
Bref, si vous habitez la région, ou si l'envie vous prend de la découvrir, n'hésitez pas à faire un petit crochet par Bliesbruck-Reinheim, c'est sans conteste un haut lieu de l'histoire ancienne de la Gaule et de l'Europe.
La villa du IVème siècle : proposition de restitution
Amaury Piedfer.