Ce n’est pas la première étude à montrer que le risque de transmission sexuelle du virus Ebola persiste plusieurs mois après la guérison. Cette nouvelle étude montre que le virus peut survivre jusqu’à neuf mois dans le sperme. Alors que depuis début 2014, plus de 28.000 cas ont été confirmés en Guinée, au Libéria et en Sierra Leone, dont plus de 11.000 décès, qu’il n’y a pas de vaccins ou de traitements homologués contre l’infection, ces nouvelles données de 2 études publiées dans le New England Journal of Medicine appellent à développer en urgence des programmes de détection et d’information des survivants à l’infection, de manière à éviter le risque d’infection des partenaires.
Car la dernière étude estimait à 3 mois la période de risque de transmission sexuelle après la guérison. Cette nouvelle estimation qui porte la durée de survie du virus à 9 mois, suggère évidemment le risque de résurgence de l’épidémie.
La première étude menée par des chercheurs du ministère de la Santé de la Sierra Leone, une étude de cohorte transversale a porté sur un échantillon de 93 bénévoles, guéris de l’infection à Ebola et invité à donner un échantillon de sperme pour la recherche de traces de l’ARN du virus et l’évaluation de la charge virale. L’analyse montre que :
· la moitié des échantillons sont positifs à Ebola
· les 9 participants, malades dans les 2 à 3 mois précédant l’analyse, ont tous été testés positifs.
· 26 des 40 (65%) participants, malades dans les 4 à 6 mois précédant l’analyse, étaient positifs.
· 11 des 43 (26%) participants, malades dans les 7 à 9 mois précédant l’analyse, étaient positifs,
· le seul participant malade 10 mois plus tôt a présenté des résultats peu concluants (Voir visuel ci-contre).
La deuxième étude, une étude de cas, menée par des chercheurs de l’Army Medical Research Institute of Infectious Diseases a enquêté, via l’analyse de l’ADN sur la transmission sexuelle du virus Ebola possible entre 2 partenaires, à partir d’échantillons de sang d’une femme décédée de l’infection à Ebola et d’échantillons de sang et de sperme de son partenaire, un survivant d’Ebola. L’objectif étaitd’évaluer la probabilité pour la femme d’avoir été infectée par son partenaire au cours de rapports sexuels non protégés. Les données d’analyse recueillies ont été comparées avec celles issues d’autres échantillons provenant d’autres survivants d’autres régions du Libéria et d’autres partenaires du couple, pour identifier les autres voies d’infection possibles. L’analyse montre que l’ARN du virus dans les échantillons de l’homme et de la femme étaient très similaires et bien plus que l’ARN des autres échantillons analysés.
- La première étude suggère ainsi un potentiel de transmission des mois après la fin de l’épidémie.
- La seconde étude montre qu’un cas au moins de maladie à virus Ebola résulte probablement d’une transmission sexuelle par rapport vaginal non protégé.
Bref, il est probable que des traces du virus puissent persister dans les fluides corporels des survivants plusieurs mois après la récupération. Si d’autres recherches doivent confirmer et préciser ce risque, l’étude rappelle aux survivants l’importance des mesures de protection, soit du préservatif durant les rapports sexuels.
Sources:The New England Journal of Medicine October 14 2015
DOI: 10.1056/NEJMoa1511410 Ebola RNA Persistence in Semen of Ebola Virus Disease Survivors – Preliminary Report.
DOI: 10.1056/NEJMoa1509773 Molecular Evidence of Sexual Transmission of Ebola Virus
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