Un film de Emilio Estevez (2010 - USA, Espagne) avec Martin Sheen, Yorick Van Wageningen, Deborah Kara Unger, James Nesbitt, Emilio Estevez
Joli, mais assez convenu.
L'histoire : Tom, la soixantaine, ophtalmo, joueur de golf, déplore que son fils Daniel soit parti faire le tour du monde, renonçant, au moins temporairement, à faire un métier "sérieux". D'autant que depuis la mort de son épouse, et donc de la mère de Daniel, le père et le fils se sont éloignés encore plus, le dernier ayant définitivement choisi de vivre ce qu'il voulait et non ce qu'on attendait de lui. Mais Tom apprend la mort de Daniel, frappé par un orage, alors qu'il entamait le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, entre France et Espagne. Il part en France pour faire rapatrier le corps, pleure abondamment sur ce fils perdu, qu'il n'a pas compris. Alors lui vient l'idée de faire le chemin à sa place, pour lui rendre hommage.
Mon avis : Heureusement on est loin, très loin, de l'abominable Saint-Jacques... La Mecque ! On est bien sur le même chemin de Compostelle, mais les pèlerins sont autrement plus drôles et attachants. Un long parcours initiatique, dont on comprend bien les enjeux, très différents pour chacun, les difficultés, les moments de contemplation, d'harmonie, mais aussi les douleurs, la fatigue, et puis les auberges, plus ou moins sympas, ainsi que les diverses rencontres, plus ou moins cool elles aussi. Ca me tenterait bien de le faire une fois, ce truc, d'ailleurs. Mais j'aurais peur de me faire attaquer. Y a tant de fêlés partout...
Un film doux, tranquille, humain, hommage à la nature et à la spiritualité, toutes les spiritualités ; avec de belles répliques et de l'humour en pointillé ; presque un feel-good movie.
C'est toujours sympa de retrouver Emilio Estevez, qui aime bosser en famille, ici avec son papa, Martin Sheen (parfait et émouvant), et sa soeur Renée Estevez (la secrétaire de Martin, au début), d'autres fois avec son affreux jojo de frangin Charlie.
J'étais contente de revoir Deborah Unger, qui se fait rare sur les écrans. Elle tourne régulièrement mais n'obtient que des petits rôles. J'ai été choquée par son extrême maigreur, on voit tous les os de son visage, c'est épouvantable. Que lui est-il arrivé ?
L'idée de ce film est venue de Taylor Estevez, fils d'Emilio, qui a effectué le chemin avec son grand-père, Martin. Voyage qui l'a d'autant plus marqué qu'il a rencontré sa future femme et qu'il habite désormais l'Espagne. La dimension du film s'éclaire encore quand on sait que Martin Sheen est très croyant ; son pseudo est d'ailleurs un hommage à l'archevêque américain Fulton Sheen. Il a fait le chemin après la mort de son frère, Alfonso. Un film très largement autobiographique pour toute la famille Estevez, en quelque sorte. Emilio s'est cependant inspiré du livre Off the road de Jack Hitt. Mais on imagine qu'il les a tous effectivement beaucoup touchés, vu leur propre expérience.
The way n'a fait que 130.000 entrées en France. Il faut dire que les critiques étaient très partagées. Les Français n'aiment pas plus que ça les bons sentiments et encore moins le besoin de spiritualité. Je retiendrai celle-ci qui résume bien les qualités et les défauts du film : "Même si l’écriture mélodramatique sent trop souvent l’artifice, le film transmet quelque chose de l’expérience humaine profonde du pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle" (Le Figaroscope).