C’est parti pour le MaMa Event 2015. On ne sait pas toujours où donner de la tête avec tous les concerts programmés aux quatre coins de Montmartre. On a du mal à faire un choix, mais il le faut. Place au au premier jour !
Fiona Walden
Dans la cave voûtée du Petit Moulin, Fiona Walden prend place, large chapeau en feutrine noire, ample châle bordeaux et guitare folk dans les bras. Accompagnée de son guitariste et d’une boîte à rythme (on espère qu’un jour elle aura une vraie batterie !), elle nous emmène dans son univers mi-western mi-pop. Sa voix, si particulière, chaude et grave, envoûte ; ses compositions charment et entraînent. On sent bouillonner en elle une force presque mystique. Le public est transporté par ses émotions à vif, sa puissance vocale impressionnante et les corps sous tension. Fiona Walden navigue avec assurance, le regard perdu au loin vers le monde des cowboys poétiques.
Alex Nevsky
Québec mon amour, on a envie de dire. Encore une fois. Une douce folie habite ce garçon sur scène. Comme tous les grands artistes de la scène québécoise, Alex Nevsky manie l’art de faire jongler les mots avec poésie et talent. On pleure sur des chansons plus ou moins tristes, on rigole entre les titres. Bref, un concert de Nevsky c’est un grand ascenseur émotionnel. Qu’attend la France pour tomber plus en amour pour lui ? Nous, on est déjà conquises.
Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
On continue avec le Backstage by the Mill, soit une salle à l’arrière du O’Sullivan, pour voir Nathaniel Rateliff pour un premier concert avec sa nouvelle formation, les Night Sweats. Fini le folk mélancolique, bonjour la soul. Ils sont sept sur scène et ça dépote sec (sax, trompette, clavier, deux guitares, une basse et une batterie). Ils en imposent avec leur son plein, très précis, et extrêmement musical, qui installe dans le pub une atmosphère chaleureuse à souhait, bière à la main, hanches qui chaloupent.À lire aussi >> On a écouté Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
JAIN
JAIN c’est un melting-pot d’intonations et de contrastes. Une tenue très sage (col blanc sur robe noire), une scénographie graphique (quelques grosses télés diffusent des vidéos derrière elle) et une musique aux milles inspirations. Seule sur scène, elle manie les samples et la boîte à rythme d’une main, l’autre tient deux micros (l’un pour les boucles vocales, l’autre pour le rap et le chant leader), et occasionnellement elle ajoute quelques accords de guitare. Sa voix est soul, jazzy et maîtrise à la perfection le hop-hop badass. Sa musique mélange rythmiques africaines, arrangements pop, contre-temps reggae, basses dub ou dance. Le public du Bus Palladium est déchaîné. Elle revient même pour un bis a capella. On est comblé.
Joon Moon
On retourne aux Trois Baudets pour la première apparition du duo Joon Moon. On en a entendu tellement de bien. Finalement ils sont cinq (enfin six avec le piano à queue). Kristle a une voix splendidement maîtrisée, avec des graves dignes d’une diva motown. Crâne rasé, tenue androgyne, elle monopolise tous les regards. Les associations avec les séquences électro’ sont bien foutues et se tiennent, tout comme les harmonies du trio d’avant-scène, qui viennent apporter du relief à la prestation. En revanche, la présence scénique et les interactions sont inexistantes, si bien qu’on se retrouve bien vite laissés-pour-compte.À lire aussi >> À découvrir de toute urgence Joon Moon
Last Train
On se le dit à chaque fois : putain qu’est-ce qu’ils sont bons ces mecs ! Enfin, on a, en France un vrai groupe de rock qui tient la route. Ça fait un moment que Last Train défraie la chronique et ce n’est pas pour rien. Scéniquement, c’est brut, avec cette pointe de nonchalance exquise : un chanteur magnétique avec une voix rauque qui sort d’on ne sait où, une basse sexy, un batteur qui envoie du lourd et une guitare aux riffs sanglants. C’est violent, tellement qu’ils détruiront littéralement la scène de la Boule Noire à la fin de leur set. Aurait-on trouvé nos Arctic Monkeys à nous ?
À lire aussi >> On a écouté Nathaniel Rateliff & The Night Sweats
Papooz
Papooz c’est deux voix, quelques cordes et une batterie. Papooz c’est surtout des airs légers et sautillants sur fond de folk-rock britannique et de musiques des îles. Armand et Ulysse ont un univers enchanteur majestueusement porté par un couple de voix hors du commun et très bien ajusté. Un juste mélange de cocktails tahitiens, de guitares à la Beatles et de mouvements à la Jim Carrey.
Roscoe
Un peu de Balthazar, un peu d’Alt-J, on mélange et ça donne Roscoe. Décidément, la scène belge regorge de pépites et celle-là est splendide. Sensuel à souhait, planant juste ce qu’il faut avec une présence incroyable. C’était le calme après la tempête Last Train à la Boule Noire. Ce qu’il fallait pour terminer la soirée en beauté.
The Pirouettes
The Pirouettes c’est le duo kitsch-mièvre-poético-électro qui cartonne. Les textes nous racontent les histoires de jeunes parisiens en quête du vrai grand amour ou du dernier métro. C’est complètement décalé et très joliment écrit. Aux manettes de leurs claviers et samples, Vickie Chérie et Leo Bear Creek, en sobres cols-roulés noirs, nous entraînent dans les années 80. On hoche la tête en rythme et on est rapidement subjugué par l’ajustement parfait de leurs deux voix. C’est magique, on jurerait qu’elles ne forment plus qu’une.
Texte : Jeanne Cochin / Sabine Swann Bouchoul / Emma Shindo
Photos : Emma Shindo