[critique] MARGUERITE ( 6 / 10 ) par Odicèle

Synopsis : Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

Marguerite est une femme fortunée, passionnée de musique classique et d'opéra. Régulièrement, au profit de bonnes œuvres, elle organise chez elle des soirées où elle fait se produire des musiciens et des chanteurs lyriques, au milieu desquels elle se réserve un tour de chant.Chaque fois qu'elle se donne en spectacle, toute l'assemblée d'habitués applaudit hypocritement car Marguerite chante horriblement faux.Bercée par l'illusion de chanter juste, que tout son entourage a entretenu pendant des années, Marguerite croit plus que jamais en son talent et décide de se produire dans une vraie salle de concert. Pour ses proches, c'est la catastrophe assurée.Marguerite est une femme de la haute société des années 1920 en région parisienne. Elle ne travaille pas, vit sur la fortune de sa famille et occupe son temps entre un cercle de société bien-pensant, sa passion pour l'opéra et un mari très froid. Dans ce cadre idyllique mais austère, on comprend assez vite que Marguerite s'ennuie ou plutôt se sent seule. Avec son mari, ils n'ont pas d'enfants et celui-ci la traite comme un mobilier. L'opéra lui permet de s'évader, de se créer des vies, des personnages, des amis imaginaires. Le chant lui permet d'exister, de faire savoir qu'elle est là, qu'il y a de la vie dans ce corps que son mari ne regarde pas.

Comédie ou drame, on ne saurait choisir pour ce film de Xavier Giannoli (superstar) qui oscille entre les deux genres. On rit beaucoup au visionnage de « Marguerite ». Le décalage entre l'illusion sérieuse du personnage principal et sa réalité ridicule crée des situations cocasses. On s'inquiète aussi pour Marguerite(Catherine Frot, associés contre le crime, bowling), qui, sous sa carapace de femme originale et un peu folle, cache un être désespérément seul. Entre deux fous rires, on se demande si elle va survivre à la découverte du mensonge dans lequel elle vit.Même si « Marguerite » nous tient en haleine jusqu'à la fin avec ces trois questions : « Marguerite va-t-elle réussir à chanter en public dans cette salle de concert sans paraître complètement ridicule ? Comment Marguerite va-t-elle réagir lorsqu’elle apprendra finalement qu'elle chante faux ? Marguerite va-t-elle réussir à conquérir son mari ?(André Marcon, trois coeurs », On regrettera l'innocence complète du personnage de Marguerite. On aurait aimé qu'elle ne soit pas le dindon de sa farce. On aurait aimé que soit-elle qui manipule tout son petit monde. Son personnage y aurait gagné en profondeur et en intérêt. De bourgeoise excentrique naïve, elle serait devenue une véritable artiste avant-gardiste, un peu dadaïste.

« Marguerite » est un film touchant malgré une portée moins intéressante que ce qu'il pouvait laisser croire ou entendre. Il fait écho aux télés crochets que nous connaissons tous, à l'aplomb de certains  candidats qui se présentent, au ridicule et au sourire qu'ils suscitent, aux gènes ressentit face à leur impuissance vocale, à leur impuissance tout court d'être sous la lumière.Catherine Frot campe son personnage avec justesse, tout en nuances, à nous faire oublier les facilités du scénario. Elle, elle n'y est incroyablement pas ridicule.

Marguerite avec Catherine Frot - bande annonce - VF - (2015)

ODICELE.

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